Le CSA prononce deux mises en demeure à l’encontre d’I-Télé. La direction se voit reprocher des manquements relatifs à l’exactitude de l’information ainsi qu’à l’indépendance des journalistes.
Alors que la situation s’enlise à I-Télé, dont la rédaction a entamé sa 18è journée de mouvement social consécutive, le CSA donne raison aux grévistes. Ceux-ci avaient adressé, dans une lettre, leurs griefs, qui se retrouvent pour partie validés par le Conseil.
En premier lieu, le CSA relève « des manquements aux exigences d’honnêteté et de rigueur dans la présentation et le traitement de l’information ». L’émission au centre de la polémique, Morandini Live, ne sera restée qu’une semaine à l’antenne avant sa suspension, mais cela lui aura suffi à se faire épingler. Le présentateur est accusé d’avoir mis en scène l’intervention d’une spécialiste bidon « correspondante aux Etats-Unis », lors d’un duplex qui se déroulait en réalité… à Londres.
Plus important, le Conseil punit également « l’absence de fonctionnement effectif depuis septembre 2015 du comité d’éthique », que la chaîne a pour obligation de mettre en place afin de garantir l’indépendance et la pluralité de l’information, notamment vis-à-vis de ses actionnaires. Il s’agit d’une des revendications les plus fortes des grévistes, qui craignent que la chaîne ne devienne un outil éditorial au sein de l’actionnaire majoritaire, Vincent Bolloré. Les journalistes mettaient d’ailleurs en lumière, dans leur lettre, les liens étroits entre l’entrepreneur breton et Jean-Marc Morandini.
Les mises en demeure sont un préalable nécessaire avant la mise en place d’éventuelles « procédures de sanction », dans le cas où l’éditeur refuserait de se mettre en conformité.
Un long bras de fer entre direction et journalistes
Au début du conflit, le Conseil supérieur avait déjà exprimé sa « vive préoccupation quant à la pérennité de la chaîne I-Télé », dans un communiqué laconique. Il y pointait du doigt la « disproportion » entre l’avenir de toute une chaîne et sa rédaction d’une part, et les enjeux individuels d’une « personnalité des médias » de l’autre côté.
Le CSA renouvelle, à plus forte raison, son inquiétude : « même si le Conseil n’a pas compétence pour arbitrer un conflit qui relève du droit du travail, il sera particulièrement attentif à ce que l’éditeur (…) formule des propositions pour rétablir une offre de programmes qui contribue au pluralisme de l’information ».
Il entend ainsi mettre en place au plus vite les dispositions de la loi sur l’indépendance de l’information, actuellement en cours d’examen par le Conseil constitutionnel, et annonce qu’il veillera particulièrement à « l’absence de confusion entre information et divertissement ».