Stéphane Richard, le PDG d’Orange, a été entendu mardi par la Commission des affaires économiques à l’Assemblée Nationale. L’occasion pour lui de s’exprimer sur des sujets d’actualité touchant Free Mobile : droit à l’itinérance, futures enchères 700 MHz…
Lors d’une interview fleuve de près de deux heures (que vous pouvez retrouver dans son intégralité en vidéo sur le site de l’Assemblée nationale, Stéphane Richard a été amené à s’exprimer sur une multitude de sujets brûlants, aussi bien pour Orange que pour les autres opérateurs — Free Mobile en particulier.
L’itinérance 2G se prolongera au-delà de 2017
Principale information confirmée par Stéphane Richard : l’itinérance accordée à Free Mobile se prolongera au-delà de sa date-butoir de 2017, mais uniquement pour la 2G.
L’itinérance 3G devrait bien s’interrompre fin 2017, ce qui contraindra Free à déployer son propre réseau suffisamment vite d’ici là pour ne pas se retrouver avec un grand nombre de zones blanches sur le territoire français. Stéphane Richard indique qu’il s’agit là du « problème de Free », qui devra compter sur ses propres ressources. Soit en déployant son réseau « tout seul », soit éventuellement en envisageant un « partage de réseau avec un autre opérateur » ou même un rachat de réseau déjà existant.
En revanche, Free continuera à bénéficier de l’itinérance sur la 2G. Rappelons qu’il ne dispose d’aucune licence 2G lui-même, et que sa licence 3G inclut un droit à l’itinérance 2G. Ce dernier s’étendra au-delà de 2017, ainsi que le confirme Stéphane Richard. Cela permettra aux abonnés Free ne disposant que d’un téléphone ancien (2G uniquement) de continuer à bénéficier d’un service ; mais également à tous de bénéficier de la 2G, permettant surtout de téléphoner et de recevoir des appels, dans les zones où Free ne sera toujours pas présent avec son propre réseau.
La question de la mutualisation Bouygues-SFR
Le PDG d’Orange profite du sujet pour interpeller les pouvoirs publics au sujet de l’accord de mutualisation liant Bouygues à SFR. Pour lui, il convient de ne pas « singulariser » le débat autour de Free, puisque le contrat entre ses deux concurrents « n’est rien d’autre qu’une forme d’itinérance », lui aussi. Au fond, l’itinérance est « un sujet qui concerne un peu tout le monde », lance-t-il, rappelant que la mutualisation est « nécessaire » pour maintenir les investissements.
Fibre optique : Free, un « partenaire fiable »
Stéphane Richard fait un bref rappel du mode de déploiement de la fibre optique en France, revenant sur les notions de zones denses et moins denses, sur les RIP (réseaux d’initiative publique), etc.
Il rappelle qu’en zones AMII (moins denses), les opérateurs passent généralement par des accords de co-investissement pour déployer la fibre. Orange y rappelle l’existence d’accords avec Free, « de façon importante ». Il qualifie d’ailleurs Free de partenaire « plutôt engagé et assez fiable sur le déploiement du très haut débit fixe ».
Il en profite pour tacler la nouvelle politique de SFR, autre partenaire de co-investissement, « dont on peut se demander ce qu’il va devenir maintenant qu’il y a SFR-Numericable ». En effet, la stratégie de l’opérateur visant à privilégier le réseau câble plutôt que la véritable fibre (FTTH) a de quoi inquiéter…
Bande 700 MHz : Orange veut des enchères « équitables »
Sans surprise, sur le sujet des fréquences 700 MHz (que le gouvernement doit mettre aux enchères avant la fin de l’année), Stéphane Richard défend la position officielle d’Orange en appelant l’ARCEP à la mise en place de « règles équitables ». Il rejoint en ce sens Bouygues Telecom qui demandait, lui aussi, un appel à candidatures mettant tous les opérateurs sur un pied d’égalité.
Sur ce sujet, les deux acteurs s’opposent à Free qui réclame, au contraire, que soit mis en place un système privilégiant les acteurs disposant de moins de fréquences basses (en l’occurrence, lui-même). Si l’Autorité de régulation adopte ce scénario, le trublion pourrait décrocher une licence de largeur 15 MHz sur la bande des 700 MHz pour un prix minimum (prix de réserve), lui permettant de disposer d’un montant total de fréquences basses égal à ses concurrents (20 MHz duplex) sans avoir à enchérir de larges sommes d’argent.
Bien évidemment, pour Stéphane Richard, cette perspective est insupportable. Tout comme Bouygues Telecom, il dénonce l’attitude de Free qui n’avait misé que le minimum lors du précédent appel d’offres, portant sur les fréquences 800 MHz en 2011. Pour lui, il s’agit d’un « choix » de la part de l’opérateur, qui ne devrait donc bénéficier d’aucun avantage particulier.
Via : Next INpact, @McCob