Saisie en référé, la justice a ordonné la suspension du projet de vente du centre d’appels de Colombes (Mobipel), que le groupe Iliad (Free) souhaitait confier à l’italien Comdata.
Présenté en mars par la direction d’Iliad, le projet de cession du centre d’appels de Colombes (Mobipel) à l’italien Comdata a fait l’objet d’une vive résistance de la part des syndicats. En particulier SUD Télécom, la CGT et la CFDT qui ont décidé d’amener conjointement l’affaire devant la justice, en référé. Après une première audience mi-mai, le juge a statué en premier ressort ce lundi.
La principale revendication des plaignants a été entendue : le juge reconnaît l’existence d’un « trouble manifestement illicite », le Comité d’Entreprise n’ayant pas été consulté ni informé des orientations stratégiques de Mobipel pour l’année 2018, en amont de la vente. Le Tribunal ordonne donc la suspension du projet de vente de Mobipel, jusqu’à la fin de la phase de consultation sur les orientations stratégiques 2018.
Initialement, le centre d’appels aurait dû être cédé dès le 8 juin 2018. Cette première décision, en référé, permettra donc aux plaignants de gagner du temps. Une autre action, sur le fond cette fois-ci, fera l’objet d’une nouvelle audience prévue pour le 21 septembre 2018.
Un conflit médiatisé par Cash Investigation
Cette affaire en justice cristallise des tensions existant depuis plusieurs années entre la direction et les salariés de Mobipel, mises en lumière, notamment, dans un reportage de Cash Investigation très médiatisé.
Du côté de la direction d’Iliad/MCRA, on défend la vente en parlant d’un « projet extrêmement stratégique ». Le repreneur, le groupe italien Comdata, est en effet partenaire d’Iliad pour son lancement en Italie, où il opérera son service clients. La vente de Mobipel « permettre à Comdata de se former et d’être immédiatement opérationnel », a ainsi argué l’avocat de la défense. Cette version avait déjà été défendue par Angélique Gérard (directrice de la relation abonnés d’Iliad).
Cependant, depuis le début de la procédure, les plaignants dénoncent une « compression d’effectifs » déguisée, ayant abouti à la suppression de 57% des effectifs du centre d’appels depuis un mouvement social en 2014.