Dans une interview consacrée aux Échos, Maxime Lombardini (DG d’Iliad-Free) s’exprime en faveur du projet de l’Arcep : vers une régulation plus stricte du déploiement de la fibre en France.
Si elles ne plaisent pas à Orange, les mesures envisagées par le régulateur sont tout à fait du goût de Free. Maxime Lombardini le rappelle : « cela fait longtemps qu’on dit qu’il y a un problème » concurrentiel sur la fibre. Dès l’été 2016, le trublion était un des premiers à évoquer un cadre réglementaire « trop favorable à Orange », pointant du doigt des inégalités contractuelles et tarifaires.
Le DG d’Iliad égrène, un à un, les problèmes posés par Orange. Ce dernier se « réserve un accès privilégié à de multiples informations et dispositifs spécifiques » sur les réseaux où Free est pourtant co-investisseur ; un problème qui ne peut être résolu qu’en imposant les « mêmes procédures » pour tous.
Autre souci posé aux opérateurs tiers : « entre 2006 et 2010, Orange s’est réservé l’usage quasi exclusif des fourreaux dans les zones très denses », raconte Maxime Lombardini. Ces pratiques ont depuis cessé, mais elle ont permis à Orange de prendre une avance considérable dans ces zones réputées les plus rentables…
Pour le dirigeant de Free, l’action du régulateur doit permettre d’empêcher de s’orienter vers « un duopole entre Orange et SFR, voire un monopole d’Orange ». Même si les solutions retenues par l’Arcep ne sont pas révolutionnaires, pour lui : « nous attendions plus ». Une séparation entre le réseau et le reste du groupe Orange, comme cela se fait déjà dans d’autres pays, serait le « meilleur outil » pour favoriser la concurrence, reconnaît-il.
Orange : des investisseurs plus importants, mais pas tant que ça
Cette semaine, l’Arcep (Autorité de régulation des télécoms) s’est attirée les foudres d’Orange en annonçant vouloir réguler plus fermement le déploiement de fibre optique. Le gendarme des télécoms entend rester vigilant et empêcher « tout comportement d’obstruction de la part d’Orange, soit vis-à-vis des autres opérateurs dans les investissements dans les réseaux FTTH, soit dans la migration des réseaux haut-débit vers les réseaux à très haut débit ». But de la manœuvre : faire en sorte que tous les opérateurs puissent investir plus largement sur la fibre, et mettre fin à un déséquilibre concurrentiel croissant.
Orange argue que ses investissements lui ont permis de dominer ses concurrents. Mais, avec 550 à 600 millions d’euros investis dans la fibre en 2016 (pour 20 milliards de chiffre d’affaires), contre 350 millions d’euros investis par Iliad (pour 4,4 milliards de CA), cela ne suffit pas à expliquer sa très confortable avance en proportion : à l’heure actuelle, l’opérateur historique s’est emparé de près de 75% du marché de la fibre.
Source : Les Échos