Face au projet de SFR, qui entend fibrer la France avec ses propres moyens sans suivre le plan Très Haut Débit national, l’ARCEP s’inquiète et hausse le ton.
L’opérateur au carré rouge l’a promis : il compte déployer la fibre optique sur l’ensemble du territoire d’ici 2025, sur ses fonds propres, soit un investissement de 8 à 15 milliards d’euros — et presque autant d’argent public économisé, si l’on en croit la promesse. Si certains n’y voient qu’un simple bluff, l’ARCEP (Autorité de régulation des télécoms) se méfie.
Dans une interview consacrée au Figaro, Sébastien Soriano, président de l’ARCEP, avertit l’opérateur contre toute action réalisée hors du cadre Très Haut Débit. « Nous ne voulons pas d’une duplication du réseau mis en place par les collectivités locales (RIP), qui bénéficient de subventions publiques pour cela, ni d’une remise en cause du système de mutualisation existant (AMII). Le schéma de SFR peut être un danger pour l’aménagement du territoire », explique-t-il.
Autres risques évoqués : la mise en place d’un « duopole Orange-SFR » sur le territoire, ou un déploiement guidé par des impératifs pécuniers, qui « se ferait dans les zones les plus densément peuplées, aussi les plus rentables, tandis que les foyers ruraux seraient délaissés ».
« Dissuader » SFR, à défaut de pouvoir l’en empêcher
Le régulateur ne croit pas trop à la promesse de SFR. « Ce n’est tout simplement pas rentable » de venir s’installer sur 100% de la France en concurrence d’autres réseaux, estime Sébastien Soriano.
Dans le cas où il passerait outre et déploierait tout de même son propre réseau, l’ARCEP ne pourrait pas l’interdire, reconnaît Sébastien Soriano. « Mais nous proposons des outils pour les dissuader et éviter les débauchages et l’intimidation dans les territoires. SFR est un grand opérateur et il doit écouter la parole publique de l’État et du régulateur », martèle-t-il. Le gendarme peut donc brandir le spectre d’engagements ou moins contraignants avec, à la clé, de possibles sanctions si SFR ne joue pas le jeu.
Source : Le Figaro