L’ARCEP (Autorité de régulation des télécoms) a publié un rapport détaillé sur l’état de l’Internet en France. Il s’est notamment penché sur la qualité de l’interconnexion Free avec d’autres acteurs, tels que Netflix.
Dans un touffu document de 93 pages, l’ARCEP dresse un état de santé de l’Internet en France. Le régulateur distingue plusieurs critères permettant d’évaluer l’accès Internet : la qualité de service (faisant déjà l’objet de mesures régulières), l’interconnexion, la transition vers IPv6, la neutralité du net ainsi que l’ouverture des terminaux.
Le rapport n’a pas pour objet de dresser un bilan ni même un classement des performances de chaque opérateur. On peut toutefois y glaner quelques informations intéressantes sur celui qui nous concerne : Free.
L’interconnexion, le point faible de Free
L’interconnexion est la capacité d’un opérateur à venir se raccorder aux autres acteurs de l’Internet : les opérateurs nationaux et internationaux, mais aussi les gros services GAFA, VOD, etc. qui agissent en quelque sorte comme un opérateur à part entière. Pour cela, il existe plusieurs possibilités comme le peering (lien d’égal à égal entre deux acteurs) ou le transit, où un opérateur de transit sert de passerelle entre deux acteurs généralement trop éloignés.
Sur ce point, Free est à la traîne. L’ARCEP reconnaît avoir enquêté, en début d’année 2018, sur la « mauvaise qualité » d’accès à certains services en ligne populaires comme Netflix, signalée par des utilisateurs. Il en résulte que la piètre interconnexion de Free pouvait être un problème : « contrairement aux autres FAI de grande taille, l’accès de Free à l’essentiel du trafic mondial repose en grande partie sur un seul transitaire, dont certains liens connaissaient des saturations de capacité très régulières ».
Ces périodes de saturation peuvent provoquer des « problèmes de qualité », notamment sur les services les plus gourmands en débit (streaming vidéo, etc.), même si l’abonné dispose d’un débit théorique largement suffisant.
L’ARCEP constate depuis la mise en place d’une interconnexion directe entre Free et Netflix, qui pourrait se traduire par une « amélioration de la situation » pour les abonnés.
Sur la transition IPv6, Free est en tête
Par ailleurs, tout n’est pas noir pour Free. Le quatrième opérateur est « le plus avancé » dans la transition vers IPv6, avec 35% de taux d’utilisation sur son réseau à fin 2017 (contre 24% fin 2016). Non loin se situe Orange, avec 33% de taux d’utilisation fin 2017 (contre 16% fin 2016).
Free entend continuer sur cette bonne lancée, avec une activation d’IPv6 prévue sur « l’intégralité de son parc » d’ici la fin 2018. À ce stade, Orange envisage que l’activation d’IPv6 concernera 50 à 60% de ses clients. À la traîne, Bouygues Telecom ne prévoit d’atteindre que 25 à 35% de clients activés, contre moins de 10% pour SFR.
Il faudra attendre fin 2020 pour que les concurrents de Free ne rattrapent leur retard : Orange projette d’atteindre 70 à 80% de clients activés à cette date, et Bouygues Telecom aux alentours de 75 à 85%. SFR, pour sa part, pense que seuls 10 à 20% de ses clients disposeront d’IPv6 activé…
Source : ARCEP