Bouygues Telecom a franchi une étape majeure dans son projet d’acquisition de La Poste Mobile (ou La Poste Telecom) en obtenant le feu vert de l’Autorité de la concurrence. Dans un communiqué publié le 19 août 2024, l’autorité administrative a déclaré que cette opération ne poserait pas de problème majeur pour la concurrence sur le marché, soulignant que la prise de contrôle n’entraînerait qu’une « modification limitée de la structure de la concurrence » en raison de la faible part de marché de La Poste Telecom.
Un partenariat stratégique maintenu
Bouygues Telecom avait initialement soumis ce projet à l’Autorité de la concurrence le 12 juillet 2024, après avoir signé en février un protocole d’exclusivité avec le groupe La Poste pour l’acquisition de La Poste Telecom. Cette transaction, évaluée à 950 millions d’euros, inclut également un partenariat stratégique de distribution qui associe La Poste, La Banque Postale et La Poste Telecom.
Ce partenariat est jugé favorable pour Bouygues Telecom, car il lui permet de tirer parti du vaste réseau de distribution des bureaux de poste et des agences bancaires du groupe La Poste pour continuer à commercialiser les offres de La Poste Mobile.
L’Autorité de la concurrence a néanmoins relativisé l’importance de ce réseau physique, notant que la majorité des ventes de téléphonie mobile se fait désormais à distance, via les canaux en ligne ou par télévente. Ainsi, l’autorité estime que les consommateurs continueront à avoir accès à des alternatives, même avec ce partenariat en place.
Les obstacles restants : le droit de préemption de SFR
Malgré cette validation, la transaction n’est pas encore garantie. Un obstacle majeur demeure : SFR, qui détient 49 % des parts de La Poste Mobile, a un droit de préemption sur celles-ci. Ce droit permet à SFR de racheter prioritairement les parts mises en vente, ce qui pourrait potentiellement bloquer l’acquisition par Bouygues Telecom. SFR, filiale du groupe Altice, a par ailleurs assuré qu’elle continuerait à fournir le réseau du MVNO (opérateur de réseau mobile virtuel) La Poste Mobile jusqu’à la fin de l’année 2026.
L’Autorité de la concurrence a par ailleurs écarté les préoccupations selon lesquelles Bouygues Telecom pourrait restreindre l’accès ou dégrader les conditions d’accès pour les opérateurs virtuels concurrents utilisant son réseau. Cette clarification est cruciale, car plusieurs MVNO comme Coriolis, Prixtel, ou Réglo Mobile utilisent actuellement le réseau de SFR, tandis que d’autres comme Nordnet et Lebara s’appuient sur le réseau Orange.
Quels sont les impacts potentiels ?
Si l’acquisition se concrétise, Bouygues Telecom pourrait intégrer les 2,3 millions de clients actuels de La Poste Mobile à sa base d’abonnés, portant ainsi son total à 17,7 millions de clients. Cette augmentation rapprocherait Bouygues des 20 millions d’abonnés de SFR, renforçant sa position sur le marché français des télécoms. De plus, Bouygues Telecom a indiqué que cette opération pourrait générer un EBITDA après loyers (EBITDAal) supplémentaire de 140 millions d’euros par an à partir de 2028, avec une migration des clients prévue en 2027.
En d’autres termes, bien que l’approbation de l’Autorité de la concurrence représente une avancée significative pour Bouygues Telecom, l’issue finale de l’acquisition dépendra de la décision de SFR. Si le rachat se concrétise, Bouygues Telecom se positionnera encore plus fortement sur le marché des télécoms, prêt à rivaliser de plus près avec ses concurrents.