Vincent Bolloré enchaîne les erreurs stratégiques. Après avoir renoncé à s’emparer de l’éditeur de jeux vidéo Ubisoft, Vivendi est à nouveau mis en échec chez Telecom Italia.
Voilà plusieurs mois que l’épineux dossier Telecom Italia s’enlise pour Vivendi. Le groupe français est monté petit à petit au capital de l’opérateur historique italien, dont il possède 24% des parts. Cette volonté de contrôle a culminé l’an dernier avec l’élection de 10 administrateurs suggérés par Vivendi (sur 15 au total), lors de l’assemblée générale de Telecom Italia en mai 2017.
La situation a dégénéré à l’été : sommé par l’Autorité italienne des marchés (Consob) de déclarer s’il contrôlait bien Telecom Italia, Vivendi a répondu par la négative. Le groupe de Vincent Bolloré était alors soupçonné de prendre le contrôle d’un groupe de télécommunications (Telecom Italia) tout en générant une part significative de ses revenus dans un groupe de médias (Mediaset), ce qui est interdit dans le pays. Dans une longue période de valse-hésitation, Vivendi a refusé de délaisser l’une ou l’autre des sociétés, mais a laissé entendre qu’il privilégierait tout de même Telecom Italia dans le cas où le choix s’imposerait.
Vivendi perd le contrôle de Telecom Italia
Suite à des mois de tensions, sur fond de crise de gouvernance pour Telecom Italia, la situation s’est dénouée lors d’une assemblée générale extraordinaire, ce vendredi 4 mai 2018. L’actionnaire majoritaire Vivendi a perdu la majorité au sein du conseil d’administration de Telecom Italia, les votants ayant privilégié 10 administrateurs proposés par le fonds d’investissement Elliott (à la tête de 9% du capital du groupe).
Désormais en position de faiblesse, Vivendi conserve les cinq derniers sièges. Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi, et Amos Genish, patron de Telecom Italia mis en poste par la gouvernance Vivendi en septembre 2017, restent en place. Pour le moment, Elliott assure son soutien entier à Amos Genish, qui devrait conserver son poste, mais cela ne pourrait durer qu’un temps… notamment si, à la suite de cet échec, Vivendi venait à se désengager davantage de Telecom Italia.