Un actionnaire minoritaire de SFR, le fonds CIMA, porte plainte contre la maison-mère Altice devant le tribunal de grande instance de Paris.
La plainte en question regroupe plusieurs griefs. L’actionnaire reproche notamment à Altice d’avoir fait payer l’intégralité d’une amende de l’Autorité de la concurrence… soit 80 millions d’euros au total. Or, l’ADLC avait bien prononcé une « sanction solidaire » à l’encontre d’Altice Luxembourg et SFR Group. L’affaire portait sur l’intégration prématurée du groupe SFR mais également de Virgin Mobile à Altice, avant le feu vert des autorités concurrentielles (« gun jumping »).
Autre reproche : le choix d’abandonner la marque commerciale SFR, au profit du nom « Altice », qui sera adopté à l’échelle internationale dans l’ensemble du groupe d’ici à 2018. Un bien mauvais calcul, d’après CIMA, d’autant que les filiales (dont SFR) seront tenues de payer directement à Patrick Drahi le droit d’utiliser la marque — après trois années d’utilisation à titre gracieux.
Dernière source de conflit : le déménagement prochain de SFR, qui va quitter son campus de Saint-Denis pour rejoindre les futurs locaux du groupe, dans le 15è arrondissement de Paris. Pour ce faire, SFR a rompu son bail actuel à Saint-Denis (qui courait sur 12 ans), frais de résiliation à la clé. Et le coût des nouveaux bâtiments s’avère proportionnellement bien plus cher, le loyer passant de 490 à 725 € le m2… là encore, versés directement à Patrick Drahi, propriétaire. Catherine Berjal, cofondatrice de CIMA, n’hésite pas à évoquer une situation s’apparentant à un « abus de bien social »…
Un plaignant bien connu
Bien qu’il ne soit qu’un petit actionnaire, CIMA est bien connu d’Altice, et sa plainte dispose d’une certaine crédibilité. Il était déjà parvenu à bloquer l’offre publique d’échange d’Altice sur SFR Groupe, en octobre 2016.
Un courrier détaillé adressé à l’AMF (Autorité des marchés financiers) avait permis de conclure à la « non conformité » du dossier de l’OPE. CIMA s’estimait alors, comme les autres petits actionnaires de SFR, lésé par le manque d’informations fournies par Altice.
Source : Les Échos