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Rencontre avec Maxime Lombardini

Nouvellement nommé directeur général de Free, Freenews vient de rencontrer Maxime Lombardini.

En attendant de le retrouver dans le Online diffusé exceptionnellement ce soir (sur le canal 98 de votre Freebox), le successeur de Michaël Boukobza revient sur tous les points de l'actualité de Free des dernières semaines et nous laisse entrevoir ce qui attend les freenautes dans les mois à venir 🙂

 

FREENEWS : Maxime LOMBARDINI bonjour. Avant d’entrer dans le vif du sujet, pourriez vous nous présenter votre parcours ainsi que ce que vous comptez apporter au groupe ILIAD ?

Maxime LOMBARDINI : Bonjour.

J'ai passé 15 ans au sein du groupe TF1 où j’ai commencé ma carrière, ce qui n’est pas rien puisque j’ai 41 ans. A mes débuts, c'était une entreprise qui vivait au temps de l'analogique et de la télévision de grand papa. J’ai par la suite vécu les transformations du secteur avec l'arrivée du numérique.

J’ai commencé par travailler à la direction technique puis sur le projet qui a abouti à la création de TPS, apportant ainsi un peu de concurrence dans un domaine réservé où Canal + détenait le monopole.

J’ai par la suite été directeur du développement ; j’avais alors en charge l'examen de la stratégie et de l'ensemble des acquisitions qui pouvaient être faites par le Groupe. Ca c'était pendant la bulle internet…

J’ai passé mes trois dernières années au sein de TF1 en qualité de Directeur de la filiale de production (fictions, variétés… ) ; j’ai notamment participé à la production du feuilleton de l'été qui a été diffusé hier soir (mercredi 20 juin, NDLR) pour la première fois (Mystères, NDLR), que j’ai suivie sans en avoir terminé le montage.

FREENEWS : Vous venez du milieu dit de « contenus » et vous arrivez dans un milieu de distributeurs. Comment se passe cette transition ?

Maxime LOMBARDINI : On peut le voir comme ça mais aussi plus simplement : pour résumer, je suis passé d'une entreprise industrielle qui travaille dans le « contenu » à une entreprise industrielle qui travaille dans la fourniture d'accès à internet et les offres multimédias en général puisque aujourd'hui Iliad la société mère de Free est devenue, avec ses deux millions et demi d'abonnés une entreprise importante.

Gérer un service support-abonné pour autant de monde, avoir des circuits de livraison efficaces pour autant de recrutement, gérer autant de chaînes cela suppose une organisation importante et lourde.

Donc c'est moins le « contenu » qui vient vers internet qu’essayer de gérer et de planifier le développement d'une entreprise de la meilleure manière possible.

FREENEWS : Etes-vous à l'origine de la venue de TF1 sur le canal Freebox ?

Maxime LOMBARDINI : Non, je n'y suis strictement pour rien.

Le dialogue rétabli entre Iliad et TF1 était surtout lié au fait que TPS et Canal Plus avaient fusionné, et que partant de là TF1 n'avait plus de raison de réserver l’exclusivité de ses chaînes à TPS. Je crois que la stratégie d'un groupe média est de distribuer ses chaînes le plus largement possible,et en la matière, Free représente très clairement un réseau de distribution majeur pour un éditeur de chaînes.

Mon premier regard :

La plupart des abonnés sont venus chez Free d'abord pour avoir un accès internet haut débit de qualité et innovant, puis un petit peu après je pense que ces abonnés sont venus aussi pour la télévision mais ce n'était probablement pas pour la majorité d'entre eux le premier motif d'abonnement.

Il y a l'idée d'avoir le maximum de chaînes et de services audiovisuels proposés aux freenautes. On a également lancé Free Home Vidéo qui est une vraie nouveauté en tant que mode de consommation mais il existe beaucoup d'autres projets et des chaînes nouvelles arrivent régulièrement.

FREENEWS : Sur quel modèle économique se base Free Home Vidéo ?

Maxime LOMBARDINI : L'évolution des modes de consommation et de distribution représente un enjeu très compliqué.

Les producteurs ont un objectif premier qui est de gagner de l'argent et un second qui est de pouvoir continuer à financer d'autres films.

A partir de là ils doivent d'un côté continuer à protéger les clients acquis, à savoir la télévision en clair comme payante, le cinéma en salle, la vidéo, alors que dans le même temps ils essaient de trouver de nouveaux moyens de distribuer leurs films.

C'est là qu'on entre dans de nouveaux schémas où l’on ne tire pas encore de recettes énormes.

Notre travail à nous, est de convaincre les producteurs qu'ils ont un intérêt certain à nous apporter des produits assez forts, des films récents, attractifs, mais également de mettre à la disposition des freenautes de façon aussi ergonomique et économique que possible, ces films.

Jusque là il y avait des chaînes cinéma, il y a eu ensuite la VoD qui est une offre avec de la profondeur, qui propose beaucoup de films payés à l'unité, et l’on apporte maintenant quelque chose qui est un peu entre les deux, sans la même profondeur.

Une cinquantaine de films ainsi qu’une centaines d'épisodes de séries, renouvelés toutes les semaines sont disponibles, et plutôt qu’opérer un achat à l'unité, l’abonnement est valable pour le mois.

Il se trouve que cet abonnement est positionné aujourd'hui à 5.99 euros donc on se trouve en gros sur le prix de la location d'un film mais pour tout un catalogue que l'on peut visionner autant de fois que l'on veut sur un mois.

FREENEWS : On vient de découvrir le DSLSafe, vous avez annoncé le FTTH pour bientôt. Quelle est la politique de Free sur les améliorations de la connexion ?

Maxime LOMBARDINI : C'est une préoccupation première chez Free, qui présente deux caractéristiques prépondérantes :

– la première est l'innovation permanente. Il y a une direction technique qui, même si elle vit assez cachée est extrêmement forte, et nous est enviée jusqu'aux Etats Unis.
– la seconde, c'est sa volonté de rester bon marché. Aujourd'hui son offre triple play est la moins chère au monde et c'est une chose à laquelle on tient.

A partir de là on essaie d'enrichir les services, d'apporter des choses nouvelles dans le forfait pour 29.99 euros et d'améliorer la qualité autant que faire se peut.

Tout n'est pas entre nos mains puisque l'ADSL passe par des lignes qui ne nous appartiennent pas en totalité, et donc il y a des choses que l'on peut faire et d'autres que l'on peut pas faire.

Une amélioration intéressante nous est apparue avec le développement d'une solution logicielle développée par Broadcom, qui permet de diminuer très fortement (c'est un peu technique) ce que l'on appelle le « taux d'erreur » (à savoir les dégradations du signal vidéo ou téléphonique générées par le bruit ou la qualité de la ligne) puisqu'on le divise par 10.

Cette solution logicielle, qui est aujourd'hui en place sur le réseau, a permis une amélioration significative de la qualité de communications téléphoniques et de la télévision.

FREENEWS : Justement, pour aller plus loin au niveau qualitatif, on parle beaucoup de fibre optique. L'offre FTTH était annoncée pour fin juin : où en est le projet ?

Maxime LOMBARDINI : Ce sera peut être pour une autre interview. Nous détaillerons l'offre dans le courant de l'été, mais je peux d'ores et déjà vous dire qu'elle a été bien pensée, à savoir beaucoup plus de débit pour le même prix. Ce n'est pas un scoop mais c'est toujours bien de l'entendre. Le déploiement est un travail de fourmis puisque contrairement au dégroupage qui a permis d'avoir de l'ADSL assez rapidement sur des infrastructures qui existaient déjà.
Là, les infrastructures sont en partie à construire.

Fort heureusement on utilise soit des fourreaux qui existent déjà, soit parfois, des infrastructures que l'on peut partager mais un véritable travail de déploiement, dans de bonnes conditions, est quand même nécessaire. Celui-ci a largement commencé, avec des équipes qui travaillent d'arrache pied. Après on n'entre pas dans les immeubles comme ça, il faut l'accord du syndic,faire comprendre ce que c'est que la fibre optique, ce qui n'est pas toujours évident pour tout le monde.

FREENEWS : Concrètement ce déploiement, vous dites qu'il avance bien, mais où avance-t-il ?

Maxime LOMBARDINI : Il y a une règle assez simple qui est d'aller dans des endroits où il y a beaucoup de freenautes. On a annoncé plus de 15% de taux de pénétration mais ce n'est pas une règle immuable. On proposera d'entrée de jeu à nos abonnés, d'avoir un meilleur service pour le même prix . On se dit qu'à priori c'est une offre qui ne se refuse pas.
Nous démarchons ensuite les municipalités ou les collectivités locales qui d'une manière générale, accueillent favorablement le déploiement de la fibre optique.

FREENEWS : A ce sujet, dans moins d’un an auront lieu les élections municipales, et les Communes sont parfois réticentes à la mise en œuvre de travaux en période pré-électorale.

Maxime LOMBARDINI : C'est là encore un sujet qui est un petit peu compliqué, et l'on se trouve face à plusieurs cas de figure.

La perspective des élections municipales n'est affectivement pas forcément quelque chose qui incite à compliquer la vie quotidienne en faisant des travaux, des trous dans les trottoirs. Malgré tout la France, ne s'arrête heureusement pas à la seule perspective des élections, et il existe quand même une volonté très forte de la part de nombreuses municipalités ou de collectivités locales de positionner leur ville dans le 21° siècle. Sur l'échelle mondiale, si on jette un oeil du côtés des villes (et notamment en Asie), ce sont celles où la fibre a rencontré un fort développement et qui possèdent des moyens de communication résolument moderne, dans lesquelle les entreprises ont envie de s'installer.

Cela représente un véritable argument au niveau du développement de la vie économique, mais aussi un élément de croissance.

Il y a donc deux aspects qui se valent ; d'un côté, cela sous entend des tranchées, des travaux, des associations qui vont se plaindre, des riverains qui vont râler et à coté de cela, mais de l'autre, que c'est quand même bien d'avoir une ville qui peut dire « je suis en avance, la fibre optique est déjà installée, la moitié de mes foyers reçoit plusieurs dizaines de mégabits ». C'est tout de même mieux que de dire « je protège mes trottoirs et je ne veux pas de bruits de travaux ».
D'une manière générale, une ville où des grues sont présentes est une ville qui vit.

FREENEWS : On sait qu'Iliad est le seul opérateur à détenir une licence d'exploitation WiMax nationale en France. Que préparez-vous ?

Maxime LOMBARDINI : Là dessus je crois qu'il ne faut pas parler strictement de technologie. Chez Free on se dit une chose assez simple : ce que les français souhaitent vraiment c'est avoir le maximum de services pour un coût minimum. Par ailleurs, quand on jette un oeil sur le marché, on se dit qu'il est difficile de faire moins cher au niveau de l'offre triple play. Mais si l'on regarde la mobilité en général que ce soit au niveau de la voix ou des data on se dit également qu'il est difficile de faire plus cher. En analysant un peu le détail des profits des groupes qui disposent d'un opérateur mobile on est encore plus convaincu qu'il difficile de faire plus cher, parce que c'est extrêmement rentable du fait de l'amortissement des réseaux. Partant de là, j'en reviens toujours aux deux idées évoquées tout à l'heure, à savoir être innovant en termes de technologie tout en restant aussi bons marchés que possible.

Nous nous disons également qu'il faudrait que l'on s'attache à la mobilité pour que tout ce qu'on sait faire (télécommunications, voix, video). Nous disposons effectivement aujourd'hui d'une licence Wimax et la direction technique, Xavier Niel, comme de plus en plus d'industriels, ont vraiment l'air de croire au déploiement de cette technologie. Après ce n'est pas quelque chose qui est pour la semaine prochaine. Nous travaillons malgrés tout sur des projets expérimentaux qui devraient voir le jour d'ici la fin de cette année ou le début d'année prochaine pour voir comment on passe d'une cellule à l'autre, comment nous sommes réellement en matière de mobilité. Nous savons que la technologie fonctionne puisqu'elle est déjà relativement éprouvée.

FREENEWS : Pour quel type de service ?

Maxime LOMBARDINI : La technologie en tant que telle c'est de l'IP. On peut faire de la transmission de données, on peut faire de la téléphonie… Il existe un appel d'offre sur la 4° licence de téléphonie mobile 3G. Les conditions ne nous paraissent pas très favorables. En tant que tel, ça pourrait nous intéresser, ce sont de bonnes fréquences. Simplement à ce prix là et dans ces conditions là c'est quelque chose qui ne nous intéresse pas. Après il y a quelque chose qu'on appelle le dividende numérique pour plus tard : l'arrêt de la télévision analogique va libérer des fréquences de bonne qualité. Aujourd'hui il n'est pas complètement décidé comment elles vont être réutilisées. Le secteur de la télévision dit « on a besoin de plus de fréquences » mais on ne pourra pas non plus faire 500 chaînes de télévision en France, il n'y aurait pas les ressources pour autant de chaînes.

FREENEWS : Faire sa propre chaîne c'est un peu sur toutes les lèvres en ce moment. Est-ce que l'on peut espérer de la télévision personnelle autour de la Freebox ?

Maxime LOMBARDINI : Il est clair que dans l'esprit de Xavier Niel et des fondateurs de Free, l'idée de départ n'était pas juste de fournir de la bande passante, mais d'aller au delà.

Deuxième chose, je crois que chez les fondateurs de Free et de façon plus générale aujourd'hui il y a le sentiment que les freenautes sont une communauté qui va au delà des simples utilisateurs d'un service.

A partir de cette constatation, quand on prend une Freebox qui possède une capacité de traitement énorme, un disque dur, un encodeur, un débit montant et descendant important et qu'on la met entre les mains d'internautes qui ont la possibilité de créer du contenu, vous pouvez imaginer que cela peut aller assez loin.
En conséquence, on se dit qu'il y a des choses assez amusantes à faire et simples d'utilisation sur un téléviseur par exemple. Donc ceux sont là très clairement des sujets sur lesquels on travaille. C'est une idée qui est forte chez Free depuis au moins deux ans, qui est à l'état de concept chez Free depuis les premiers jours mais je pense que nous aurons assez rapidement des produits aboutis.

Merci à Maxime Lombardini d'avoir répondu à nos questions,
merci à Acacio de Matos, Olivier Rosello et Florian Martin pour l'organisation de l'interview,
merci à toute l'équipe rédaction de Freenews pour la retranscription des propos.

 

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