Iliad, le groupe propriétaire de Free, avance dans son projet de céder 49 % de sa filiale OpCore, qui regroupe l’ensemble de ses centres de données. Après avoir attiré plusieurs candidats intéressés, trois d’entre eux ont été sélectionnés pour poursuivre les discussions finales. L’objectif principal de cette opération est de réduire la dette du groupe, bien que la situation financière d’Iliad ne soit pas aussi urgente que celle d’autres acteurs du marché comme Altice.
À l’image de ce qu’Altice a fait précédemment avec ses infrastructures, Iliad cherche à lever des fonds en vendant près de la moitié des parts de sa filiale OpCore. Cette dernière, qui gère les centres de données du groupe, est essentielle pour soutenir les services offerts par Free, notamment l’hébergement de données et la connectivité réseau. Cette cession partielle permettrait à Iliad de se concentrer sur le renforcement de ses autres activités tout en réduisant sa dette.
Une valorisation ambitieuse
OpCore pourrait être valorisée à environ 700 millions d’euros selon les premières estimations. Cependant, Iliad espère obtenir une évaluation plus élevée, avoisinant le milliard d’euros, un montant qui refléterait l’importance stratégique de ces infrastructures dans l’écosystème du groupe. De plus, le futur partenaire devra s’engager sur un plan d’investissement significatif, à hauteur de 2,5 milliards d’euros sur une période de dix ans, pour financer l’ajout de nouveaux centres de données.
La stratégie de désendettement d’Iliad diffère de celle d’Altice sur plusieurs points clés, notamment en termes d’urgence financière, de contexte global et d’approche envers les actifs stratégiques.
Deux stratégies de désendettement radicalement opposées
La stratégie de désendettement d’Iliad présente des différences significatives par rapport à celle d’Altice, tant sur le plan de l’urgence que de l’approche stratégique. Bien que les deux groupes cherchent à alléger leur dette en cédant une partie de leurs infrastructures, le contexte et les modalités de ces opérations divergent nettement.
Tout d’abord, la différence majeure réside dans le niveau d’urgence financière. Du côté d’Altice, la vente d’actifs, notamment liés à ses infrastructures télécoms, découle d’une situation de surendettement critique. Ce groupe, qui a accumulé une dette massive à la suite de diverses acquisitions, comme celle de SFR, doit impérativement réduire ce fardeau pour éviter une crise de liquidités. La cession d’actifs chez Altice apparaît donc comme une mesure de survie immédiate pour assainir sa situation financière.
À l’inverse, Iliad se trouve dans une position beaucoup moins pressante. La situation financière du groupe de Xavier Niel reste sous contrôle, avec un niveau de dette raisonnable et un ratio dette/EBITDA bien géré. Ici, le désendettement est davantage une stratégie anticipative, en amont, qui cherche à optimiser le bilan de l’entreprise en vue de futurs investissements, plutôt qu’une réponse urgente à une situation critique. Cette approche permet à Iliad de se préparer aux enjeux à venir, tout en renforçant ses capacités financières sans sacrifier des actifs stratégiques.
En termes d’approche envers les actifs, la différence est également frappante. Altice, en vendant une partie de ses infrastructures réseau et centres de données, se prive d’actifs essentiels pour l’exploitation de ses services télécoms. Cette cession d’actifs peut limiter, à long terme, sa flexibilité opérationnelle et sa capacité à générer des revenus. Iliad, pour sa part, opte pour une démarche plus équilibrée. En cédant seulement 49 % de sa filiale OpCore, qui regroupe ses centres de données, le groupe conserve un contrôle majoritaire sur ces infrastructures cruciales. Ainsi, Iliad réussit à lever des fonds tout en préservant son emprise stratégique sur ses actifs.
Cette distinction se reflète également dans la capacité à générer des revenus futurs. Chez Altice, la perte de contrôle sur certaines infrastructures pourrait affecter sa marge de manœuvre à long terme, en diminuant ses sources de revenus potentielles. Iliad, en revanche, conserve cette possibilité, en s’assurant que l’investisseur choisi participera également à un plan d’investissement de 2,5 milliards d’euros sur dix ans pour développer de nouveaux centres de données. Cette stratégie permet à Iliad de préserver sa compétitivité et de se préparer à une croissance future.
Enfin, l’impact de ces stratégies sur la perception du marché est également différent. Pour Altice, la vente d’actifs sous pression a parfois été perçue comme un signe de faiblesse, un moyen de répondre à des difficultés financières urgentes. En revanche, Iliad, avec une démarche plus réfléchie et contrôlée, maintient une image de solvabilité et de gestion financière avisée. Cette opération de désendettement, loin d’être un signe de crise, est vue comme une manière de renforcer les bases du groupe tout en préparant son avenir.
Si les deux groupes partagent un objectif commun de réduction de la dette, les contextes et les modalités de ces opérations montrent que Iliad adopte une approche plus stratégique et moins contrainte, par rapport à la situation plus tendue d’Altice.
Source la Lettre de l’Expansion