Le prix de départ des enchères 5G ainsi que le processus de déroulement idoine, sont maintenant officiels depuis quelques jours, dévoilés par Agnès Pannier-Runarcher, secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Economie et des Finances.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne convient à tout le monde. Très loin de là.
Une procédure en deux temps trois mouvements.
Pour rappel, cette procédure doit se dérouler en deux temps et de la manière suivante :
- L’attribution d’un bloc fixe de 50 MHz par opérateur pour 350 millions d’euros ;
- La mise aux enchères des 110 MHz restants par blocs de 10 MHz avec un prix de départ estimé à 70 millions chacun soit un montant minimum exposé par chacun des opérateurs dans la course, de 2,17 milliards d’euros.
Un montant qui explose de 670 millions d’euros, celui initialement préconisé par l’ARCEP, dont l’avis s’est avéré uniquement consultatif dans ce dossier ; le régulateur proposant un prix de départ à 1,5 milliards d’euros pour inciter les opérateurs à investir en vue du déploiement tant au niveau des infrastructures que de la commercialisation de leurs offres.
Une situation qui représente certes une manne financière économique non négligeable pour Bercy, mais qui pour les opérateurs laisse présumer d’une situation analogue à celles rencontrées antérieurement en Italie et en Allemagne, où les prix se sont envolés.
Mais pas uniquement, puisque les contraintes mises à la charge des opérateurs sont également sujettes à caution, les délais impartis pour l’implantation des infrastructures, leur nombre ou la couverture des zones moins denses étant également l’objet du courroux de ces derniers, soulevant ainsi par défaut la problématique remise en cause des accords conclus dans le cadre du New Deal Mobile.
La pilule ne passe toujours pas chez Free.
Une situation globale sur laquelle Maxime Lombardini s’est confié en premier pour Iliad auprès des Echos, attirant l’attention sur le procédé tout en indiquant que « cet appel d’offres poursuit trop d’objectifs et menace la concurrence. On ne peut pas durablement avoir un marché avec des prix très bas, des obligations de couverture maximalistes et des prix fous et probablement indécents au terme des enchères pour les fréquences ».
Il faut dire que Xavier Niel ne s’était pas privé de s’élever contre le processus des fameuses enchères, dès le mois de septembre dernier, dans une tribune publiée au sein du même quotidien économique, estimant qu’elles s’avèreraient dolosives pour certains opérateurs et notamment Free.
De même, c’est une véritable surenchère à laquelle les opérateurs risquent d’assister et se trouver mêlés, de manière à pouvoir obtenir, pour chacun, un réseau qualitativement supérieur à la concurrence, seule garantie d’offres commerciales plus rentables.
Une position à l’encontre de laquelle Agnès Pannier-Runacher s’inscrit en faux, réfutant les accusations de maximisation des contreparties sollicitées pour l’acquisition des fameux blocs, précisant par ailleurs que ces dernières ont simplement suivi les préconisations émises par la Commission des Participations et des transferts qui ne souhaitait pas galvauder ces fameuses enchères en fixant des prix trop bas.
Une situation kafkaïenne qui laisse présumer des débats houleux d’ici mars 2020.