L’industrie des télécommunications en Europe, mais plus particulièrement en France a montré la semaine dernière, des dynamiques contrastées au premier semestre de 2024, illustrées par les performances divergentes des groupes Iliad et Altice. D’un côté, Iliad affiche une croissance solide et continue sur ses principaux marchés, tandis qu’Altice, via sa filiale SFR, lutte pour inverser une tendance à la baisse en termes de clients et de revenus.
Nous avons d’ores et déjà vu que les stratégies proposées par les deux Groupes, dirigés par des leaders emblématiques étaient radicalement opposées, mais aujourd’hui, ce sont les résultats de le première partie de l’année qui viennent apporter la parfaite démonstration de l’avance prise par iliad sur son concurrent principal (Orange étant l’opérateur historique).
iliad : une croissance soutenue mais surtout multinationale
Le groupe Iliad continue de prospérer sur son marché domestique. Avec une croissance de 9,6% au premier semestre 2024 (9,1% au second trimestre), la France reste un pilier de la stratégie de croissance du Groupe. Cette performance est en grande partie due au succès de la Freebox Ultra, lancée en janvier, et à la stabilité des prix sur les offres mobiles historiques de Free. En conséquence, Iliad a recruté 120 000 nouveaux abonnés mobiles nets, dont 185 000 pour les forfaits 4G/5G, et 40 000 nouveaux abonnés nets pour le haut et très haut débit, dont 189 000 sur la fibre.
La Pologne est un autre marché clé où Iliad, à travers sa marque Play, a enregistré une progression notable. Avec une croissance de 12% au premier semestre (10,3% au second trimestre), la performance polonaise est alimentée par une croissance organique de 4,6% et un effet de change favorable. Play a réussi à attirer 62 000 nouveaux abonnés nets sur le mobile et 67 000 sur le segment des cartes prépayées. Sur le marché fixe, bien que la concurrence soit intense, Play a tout de même ajouté 17 000 nouveaux abonnés nets.
En Italie, Iliad reste un acteur dominant, marquant son 25ème trimestre consécutif de leadership sur les recrutements de nouveaux abonnés mobiles, avec 279 000 nouveaux abonnés nets au second trimestre 2024. La marque Iliad Italia continue de se renforcer malgré la forte concurrence, attirant 35 000 nouveaux abonnés nets sur le fixe. Cette performance témoigne surtout de la solidité de la marque Iliad sur le marché italien, soutenue par des offres attractives et une forte reconnaissance de marque.
Le déclin préoccupant du Groupe Altice
Contrairement à Iliad, SFR, filiale du groupe Altice, connaît de son côté une perte continue de clients, qui n’est que la parfaite illustration des défis structurels et stratégiques auxquels le Groupe est confronté. Au second trimestre de 2024, SFR a perdu 343 000 abonnés mobiles, réduisant sa base à 19,624 millions de clients. Sur le segment fixe, la tendance est similaire avec une perte de 87 000 abonnés, ne laissant que 6,227 millions de clients, dont 4,94 millions sur la fibre.
Malgré la perte d’abonnés, le marché fixe de SFR est resté profitable, avec un chiffre d’affaires en hausse de 5% sur un an pour atteindre 678 millions d’euros. Cette hausse s’explique par une stratégie d’augmentation des prix et une réduction des promotions. Cependant, les revenus globaux de SFR ont diminué de 5,2% sur un an, atteignant 2,54 milliards d’euros au second trimestre. L’EBITDA est également en baisse, s’établissant à 913 millions d’euros, soit une diminution de 7,5%.
De la stratégie actuelle aux perspectives d’avenir
Le contraste entre Iliad et Altice souligne des approches stratégiques distinctes. Iliad a réussi à maintenir et à accroître sa base de clients en offrant des produits innovants à des prix compétitifs, tout en investissant dans la qualité de ses réseaux. Sa stratégie multi-marché, avec une forte présence en France, en Pologne et en Italie, lui permet de diversifier les risques et de capter des opportunités de croissance variées.
Altice, d’autre part, semble être dans une position défensive, cherchant à améliorer sa rentabilité à court terme par des augmentations de prix et une réduction des coûts. Cependant, cette stratégie a conduit à une érosion de sa base de clients, ce qui pourrait compromettre sa position à long terme sur le marché. Les défis d’Altice sont exacerbés par des scandales de corruption et des tensions avec les créanciers, qui affectent sa réputation et sa stabilité financière.
L’avenir des deux groupes dépendra forcément à plus ou moins court terme de leur capacité à répondre aux besoins changeants des consommateurs et à naviguer dans un paysage concurrentiel dynamique. Iliad semble bien positionné pour poursuivre sa croissance grâce à sa stratégie centrée sur le client et ses innovations technologiques. Altice, cependant, doit redoubler d’efforts pour restaurer la confiance des clients et des investisseurs, tout en trouvant des moyens de stabiliser sa base de clients et d’assurer une croissance durable.
La fin de l’année arrive vite et il sera aisé de constater si ces prospectives sont avérées ou non.