C’est dans les colonnes du Point que Denis Carreaux, directeur de la rédaction de Nice-Matin, s’est exprimé dans un entretien publié aujourd’hui.
Il revient notamment sur le lourd passif du quotidien régional, repris en partie depuis le mois de novembre 2014 par ses salariés conjointement avec le Groupe Belge Nethys, désormais sommé de se désengager de ses parts par la justice belge et dont l’inertie en matière d’investissements au sein du quotidien, devenait suicidaire.
Au cœur du débat, deux projets proposés par deux investisseurs au profil et aux intentions radicalement opposés.
D’un côté, Iskandar Safa, homme d’affaires franco-libanais, propriétaire de Valeurs Actuelles, qui s’était déjà porté acquéreur de parts dans le quotidien en 2014 et qui ambitionnait d’acquérir cette fois-ci celles des 456 actionnaires de la SCIC en mettant sur la table une somme dépassant toutes les espérances de ces derniers outre les 2,9 millions d’euros revenant à Nethys.
De l’autre, Xavier Niel, d’ores et déjà porteur de parts dans le Monde et dont la réputation n’est plus à faire en matière d’investissements notamment via sa holding personnelle, NJJ.
Si le projet de rachat d’Iskandar Safa, paraît séduisant aux yeux des actionnaires, pour les salariés la situation n’est pas si rassurant qu’elle n’y paraît et revêt les allures d’une politique sociale qui s’avérerait brutale à terme.
Bis repetita placent
C’est d’ailleurs le même projet qui avait motivé les salariés du groupe à se structurer en SCIC et investir leur treizième mois pour sauver le quotidien du dépôt de bilan dont il était menacé depuis son placement en redressement judiciaire le 26 mai 2014.
Et c’est tout naturellement que les négociations engagées entre Nethys et Iskandar Safa ont fait l’objet d’atermoiements supplémentaires, aggravant des difficultés de trésorerie déjà bien engagées tout en laissant entrer dans la danse Xavier Niel au début du mois de juin dernier, deux mois après la mise en place d’un plan de sauvegarde du quotidien par Jean-Marc PASTORINO, son PDG.
Plan de sauvegarde élaboré avec le concours d’Iskandar Safa qui semble avoir peu apprécié l’intervention de Xavier Niel, soutenu par l’ensemble des journalistes travaillant au sein du journal, ce dernier proposant la mise en place d’une Société des rédacteurs (SDR) garantissant ainsi leur indépendance.
On apprend toujours en parcourant cet entretien permettant de mieux comprendre les tenants et aboutissants de cette « affaire », que c’est dans ce climat que s’est déroulée l’assemblée générale houleuse de la SCIC du 12 juillet dernier, Xavier Niel ayant conclu le rachat de 34% négociés avec Nethys quelques heures auparavant.
Situation qui lui permettra une prise de contrôle de l’entreprise dès le mois de janvier 2020 et de bénéficier d’un droit de préemption sur les 66% restants, ce qui a été perçu comme un pacte d’actionnaires par les opposants à ce projet menés par Jean-Marc PASTORINO, qui devait saisir le Tribunal de commerce aujourd’hui pour en obtenir la rupture au risque d’emmener l’organe de presse droit dans le mur.
Du tango d’actionnaires à une valse à trois temps orchestrée par la représentation syndicale
Si l’ensemble des propositions faites par Xavier Niel et Iskandar Safa présentent chacune leurs avantages, ce qui explique le dilemme cornélien animant les débats, il semblerait que le détonateur syndical ait joué un rôle majeur dans le déroulé animé des débats de l’assemblée générale tenue vendredi dernier.
Campagne diffamatoire, intimidation, procédés dissuasifs divers et variés menés par la CGT, ainsi que le précise Denis Carreaux toujours dans cet entretien, pour tenter de diriger le vote des actionnaires de la SCIC vendredi dernier malgré la lettre ouverte publiée par Xavier Niel pour expliciter au mieux le contour de son projet d’investissement.
Procédé sur lequel l’attention du CHSCT a été attirée, saisissant dans le même temps l’inspection du travail.
Un climat délétère donc qui nécessitait de la part de la rédaction de Nice-Matin en marge de sa direction, quelques précisions.