Les salariés d’I-Télé interpellent le CSA et les pouvoirs publics sur la situation préoccupante de la chaîne.
Toujours mobilisés à l’aube de leur 11è journée de grève, les journalistes d’I-Télé poursuivent leur mouvement face à la direction du groupe Vivendi, personnifiée par Vincent Bolloré. Leurs principales revendications : la mise en place d’une charte éthique garantissant l’indépendance des journalistes face à leur actionnaire, et le départ de Jean-Marc Morandini, imposé à l’antenne malgré sa mise en examen pour « corruption de mineur » et « corruption de mineur aggravée ».
Jusqu’à maintenant, ils n’ont pas été entendus par leur direction, qui a reporté la métamorphose en CNews et suspendu l’émission Morandini Live… mais seulement jusqu’à la fin de la grève. Le bras de fer se poursuit donc, dans ce qui est devenu le plus long mouvement social de l’histoire de la chaîne info.
I-Télé violerait sa convention auprès du CSA
La société des journalistes d’I-Télé, ainsi que l’ensemble des organisations syndicales du groupe, ont adressé au courrier au CSA (qui avait déjà exprimé sa « vive préoccupation » concernant le sort de la chaîne). Publiée dans son intégralité par l’Observatoire des Médias, la lettre dénonce plusieurs violations présumées de la convention de la chaîne, par sa direction.
Les journalistes remarquent que « l’indépendance éditoriale de l’éditeur », imposée par la convention, n’est pas respectée. Vincent Bolloré s’est publiquement vanté d’avoir imposé la présence de Morandini à l’antenne, clamant « c’est ma décision ! ». De même, le cumul des postes de Serge Nedjar, véritable lieutenant de Bolloré, à la fois directeur général d’I-Télé et directeur de la rédaction, méconnait le principe d’ « indépendance de l’information » inscrit dans la convention…
Tout au long de leur missive, ils dénoncent également les liens entre Vincent Bolloré et Jean-Marc Morandini (le premier assurant la régie publicitaire du site Internet du second, dont il a longtemps été actionnaire majoritaire). Et soulignent les bidonnages de Morandini Live, loin de la « rigueur dans la présentation et le traitement de l’information » requise par la convention de la chaîne.
Selon Libération, les griefs exposés par les journalistes ont été jugés recevables par le CSA, qui instruira le dossier sous une dizaine de jours. I-Télé risque une sanction, comme une mise en garde ou une mise en demeure.
En parallèle, la CGT a enjoint le gouvernement lui-même à intervenir sur le dossier. L’organisation dénonce la « mansuétude des pouvoirs publics face à la volonté des capitaines d’industrie et des banquiers de contrôler l’information » et réclame des « actes concrets » afin de mieux garantir l’indépendance des journalistes, de manière globale, en France.