À l’aune d’une audition auprès de la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, Maxime Lombardini (DG d’Iliad-Free) a mis en cause le mode de déploiement de la fibre optique en France, qu’il juge « trop favorable » à Orange.
L’opérateur historique bénéficierait-il de privilèges lui permettant de déployer la fibre plus efficacement que ses concurrents ? Maxime Lombardini le croit : il accuse ainsi Orange de « re-monopoliser » le marché, avec « plus de 70% de part de marché sur la fibre ». Stéphane Richard, PDG d’Orange, accusait récemment les opérateurs alternatifs d’avoir laissé cette situation s’installer, faute d’investissements : « chaque opérateur a fait ses propres choix », avait-il soutenu.
Free n’est pas d’accord. Pour le trublion, l’avance prise par Orange n’est pas liée qu’aux sommes déboursées : « les investissements d’Orange dans la fibre ne sont pas extraordinaires », soutient ainsi Maxime Lombardini. Il met en comparaison les 550 à 600 millions d’euros investis par Orange dans la fibre en 2016 (pour 20 milliards de chiffre d’affaires), aux 350 millions d’euros investis par Iliad (pour 4,4 milliards de CA).
Et de dénoncer : « le cadre (…) est trop favorable à Orange », affirme-t-il. En zones denses, l’opérateur historique se serait ainsi accaparé l’usage des fourreaux, inaccessibles aux opérateurs alternatifs jusqu’en 2009, prenant ainsi une confortable avance. En y mettant les points de mutualisation dans les immeubles, Orange a créé de nouvelles difficultés pour ses concurrents, sommés de venir le rejoindre au sein même des immeubles, là où il est plus difficile de rentrer.
Dans les zones moins denses, sur lesquelles les opérateurs déploient en co-investissement, le DG d’Iliad a dénoncé l’attitude « non-satisfaisante » d’Orange, « de manière contractuelle et tarifaire ». Selon lui, l’opérateur historique « surfacture les prises [aux opérateurs concurrents, ndlr] et refuse des conditions contractuelles acceptables ».
Alors que Stéphane Richard appelait le mois dernier à ne pas modifier le cadre réglementaire, Maxime Lombardini tient ici le discours inverse : « on investit massivement, mais on demande des adaptations du cadre », jugé « trop favorable » à Orange.
Source : La Tribune