La semaine où tout a basculé
La semaine a été riche en annonces et se termine par un coup de théâtre aussi inattendu que spectaculaire : en plein feuilleton sur le rachat de SFR, voilà que Free Mobile rachète le réseau d’antennes mobiles de… Bouygues Telecom !
Personne ne s’y attendait.
Ces derniers mois, alors que les directions de Bouygues Telecom et Iliad s’envoyaient des courriers au ton glacial, et après un accord de RAN sharing (mutualisation du réseau) entre Bouygues Telecom et SFR, qui semblait laisser Free de côté, à son grand regret, tout le monde semblait croire que Bouygues Telecom et SFR allaient faire converger leur réseau mobile (synergies encore renforcées dans le cas où les entreprises fusionneraient), et qu’Orange pourrait se rapprocher de Free pour former un second grand réseau concurrent.
Ce n’était pourtant pas faute, pour Free, d’avoir même déclaré… ne pas être intéressé par le réseau de Bouygues Telecom, le trublion ayant confiance dans le déploiement de son propre réseau.
C’était sans compter sur l’annonce inattendue faite par le Journal du Dimanche à paraître aujourd’hui : Free Mobile va peut-être devenir propriétaire du réseau de son concurrent Bouygues Telecom, pour la modique somme de 1,8 milliard d’euros ! Il aura suffi de 3 jours de discussions intenses entre les deux opérateurs pour provoquer ce qui, à n’en pas douter, va considérablement changer la donne sur le marché. 3 jours où les querelles personnelles on été mises de côté au profit de l’intérêt économique des opérateurs. Free pourra ainsi économiser une bonne partie de ses frais d’itinérance, là où Bouygues bénéficiera de cash pour financer le rachat de SFR…
Cette offre est toutefois soumise à une condition d’importance : Bouygues doit remporter la course au rachat de SFR. Mais Olivier Roussat estime avoir ajouté une garantie de sa bonne volonté vis-à-vis des craintes de l’autorité de la concurrence et du gouvernement quant à une position un peu trop dominante du nouvel ensemble, et ainsi augmenter la probabilité de réussite de cette fusion…
Les faits donnent donc raison à ceux qui pensaient que Free souhaitait uniquement acheter le réseau de l’un de ses concurrents plutôt que déployer intégralement le sien.
Si l’accord devait se concrétiser, les abonnés Free Mobile devraient attendre l’année 2015 avant de pouvoir se connecter aux 15000 antennes de ce nouveau réseau, le temps pour chacun de préparer la migration, vers le réseau SFR pour l’opérateur de Martin Bouygues et vers celui de Bouygues pour l’opérateur de Xavier Niel.
Cette nouvelle explosive n’a sans doute pas fini de faire parler d’elle ; ce qui est sûr, c’est que le mois de mars sera historique pour le marché des télécoms. Et les opérateurs le promettent : « On n’est pas là pour faire le Yalta des Télécoms », déclare Maxime Lombardini. « Au contraire, ce sera plutôt la guerre de cent ans »…
Mise à jour : informations supplémentaires issues de l’article du JDD.