Goûtez notre navigateur, avec des vrais morceaux de HTML 5 dedans
Si les standards du web sont indéniablement un atout pour l’utilisateur, puisqu’ils lui garantissent le bon fonctionnement de ses sites préférés sur son navigateur de prédilection, ils sont également un cauchemar pour les branches marketing des éditeurs de navigateurs.
Comment communiquer sur son navigateur, supposé être « le meilleur du monde », tout en défendant les standards du web ? L’exercice semble périlleux. En l’absence de distinction théorique entre le rendu des navigateurs, censés tous afficher la même page grâce aux standards, la bonne solution serait de miser sur des capacités propres au navigateur : fonctionnalités incluses, légèreté ou rapidité d’exécution, design…
Du moins, en théorie. En pratique, le (grand) public se sent de plus en plus concerné par l’existence de « nouvelles » technologies et de standards tels le HTML 5 (sans savoir nécessairement de quoi il s’agit avec précision). De fait, des termes tels que HTML 5 ou CSS 3 deviennent des mots-clés à la mode qu’il faut absolument prendre en compte d’un point de vue marketing.
Cette constatation n’est pas toute récente, puisqu’elle s’appuie sur la réflexion d’un évangéliste de Mozilla (Christopher Blizzard) datant du moins de juin. Google, avec son Chrome, ou Apple avec son Safari ; tous doivent occuper le terrain, à tout prix.
C’est ainsi qu’Apple a mis en place, il y a quelques mois, une page dédiée au HTML 5 sur son site officiel. « Les standards ne sont pas des add-ons du web. Ils SONT le web », vante, un peu pompeusement, l’accroche du mini-site. Des standards, donc, sauf que…
En tentant de visionner une démo HTML 5 présente sur le site, le message est invariablement le même : si vous n’avez pas le navigateur d’Apple, passez votre chemin. Bien sûr, on ne vous dit pas précisément pourquoi, d’autant que les démos en question fonctionnent parfaitement avec la majeure partie des navigateurs modernes, à l’exception de ce blocage tout volontaire. La vérité importe peu ; les nouvelles technologies, c’est Safari. Du moins, c’est ce qu’Apple veut vous faire penser. Mais en y réfléchissant, on est déjà à des années-lumière de la définition d’un standard…
Même scénario, ou presque, chez Google. On a pu, récemment, évoquer le clip musical interactif du groupe Arcade Fire, réalisé conjointement avec Google. Là encore, le terme HTML 5 est lâché ; et, là encore, le site en question sous-entend que seul le navigateur de la firme concernée (Google Chrome, donc) est capable d’afficher le résultat. Certes, il ne s’agit pas d’un blocage pur et dur, à la Apple ; mais le message d’avertissement incitera la plupart des utilisateurs à télécharger et essayer Google Chrome, avant de se dire que « tiens, c’est vrai que c’est mieux ». Objectif atteint.
Selon Christopher Blizzard, l’évangéliste Mozilla à l’origine de l’article initial — incendiaire envers Apple et Google, le terme HTML 5 devient un fourre-tout marketing, dont la définition n’est plus du tout respectée. Chaque éditeur se bat pour faire croire que son navigateur affiche un HTML 5 meilleur que celui des autres, ce qui n’a pas de sens…
Résultat, Blizzard en appelle à l’« honnêteté intellectuelle » des acteurs du milieu. Le HTML 5 n’est pas une mode ou une technologie révolutionnaire ; c’est un standard, qu’il convient d’interpréter et de respecter au mieux. En ligne de mire, l’interopérabilité des sites, quel que soit le navigateur choisi par l’utilisateur ; rien de plus.
Doit-on pour autant faire confiance à Mozilla ? Engagée dans la même lutte de communication que ses confrères, la firme tente de prendre le rôle de l’arbitre dans les esprits. Sous couvert de neutralité du point de vue, la fondation essaye bien souvent de nous proposer Firefox comme le seul bon navigateur d’un point de vue « idéologique » ou « éthique ». Allant parfois jusqu’à créer des sites à l’esprit discutable, tel opentochoice.org qui, derrière des allures pédagogiques, a pour principal but de détourner les consommateurs du numéro 1 Internet Explorer, ce qui ne peut être que bénéfique au numéro 2 : Mozilla. Au temps pour l’honnêteté intellectuelle…
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