Après avoir essuyé un refus définitif de Bouygues Telecom, Orange a tout de même essayé de lui soumettre une dernière offre de rachat, avec le soutien de Free et de SFR.
Le vendredi 1er avril, après des mois de tractations, les négociations entre Orange et Bouygues Telecom échouaient de façon spectaculaire. Dans un communiqué, le groupe Bouygues annonçait mettre « fin aux négociations » avec Orange. Plusieurs motifs de différends, portant sur la valorisation de Bouygues Telecom ou sur la part d’actions Orange que Bouygues récupérerait dans l’opération, condamnaient tout espoir de rachat.
Ce que l’on ne savait pas, c’est qu’Orange a émis une offre de la dernière chance rapidement après ce qui semblait être la fin de l’histoire. Selon le JDD, qui cite « plusieurs sources », l’opérateur historique a réuni des responsables de Free et d’Altice (maison-mère de SFR) dès le 4 avril afin de reprendre les discussions. Objectif de la manœuvre : échafauder une offre qui aurait pu convaincre Bouygues, en corrigeant les derniers points problématiques.
Et, effectivement, chacun a fait un effort. Orange a accepté d’endosser une plus grosse part de la pénalité prévue, en cas de rupture de l’opération, par exemple après un refus des autorités concurrentielles. SFR renforce ses responsabilités dans les garanties de passif. Enfin, Free consent à lever les « conditions suspensives » qu’il avait exigées au préalable, autour du transfert des antennes-relais. Même l’État, principal actionnaire d’Orange, était prêt à assouplir ses conditions en ramenant à deux ans et demi le temps de gel de la participation de Bouygues au sein d’Orange. Autant de points connus pour avoir posé problème dans le dossier de rachat initial.
Les négociations avancent vite et, en l’espace de deux jours, Orange a de quoi revenir vers Bouygues Telecom avec de nouvelles propositions. Celles-ci n’auront pas le temps d’être formulées au sein d’une offre en bonne et due forme : Bouygues rejettera à nouveau en bloc le projet de rachat, sans plus d’explications. Les raisons précises du refus restent inconnues, mais certaines voix au sein de Bouygues laissent entendre que l’inimitié entre Martin Bouygues et Xavier Niel (fondateur de Free) n’aurait pas arrangé les choses. Suite à plusieurs demandes de la part de Free, « la confiance a été rompue avec Xavier Niel », affirme une des têtes pensantes de Bouygues Telecom. Du côté de la coalition, on nie en indiquant que « tous les obstacles » étaient levés et que les opérateurs étaient quasiment « à genoux » devant Bouygues, pour répondre à ses exigences.
Cette fin abrupte ne manquera pas de laisser un goût amer aux trois opérateurs engagés dans ce rachat avorté. « On se demande si Bouygues ne nous a pas baladés depuis le début », affirmera l’un d’entre eux.
Source : le JDD