Présentée à la presse dès le mois de juin 2014, la Bbox Miami — c’est désormais son nom officiel — a pris du retard. Mais Bouygues Telecom l’a annoncé : après une longue phase de tests auprès de clients sélectionnés, la box sous Android sera finalement commercialisée au mois de janvier 2015… initialement pour les clients Bouygues uniquement.
La Bbox Miami, couplée à un boîtier Bbox Sensation pour la partie réseau, sera proposée à 25,99€ par mois. Sur le papier, son interface, sa compatibilité avec les applications Android TV et sa configuration musclée ont beaucoup pour plaire. Mais qu’en est-il en réalité ? Nous avons été conviés par Bouygues à tester la bête, et en avons ramené notre avis, que l’on espère le plus objectif possible.
Une box « TV » avant d’être « Android »
Si la box embarque bel et bien Android, le système d’exploitation de Google, cela ne transparaît pas nécessairement à l’utilisation. On n’a pas le sentiment de se retrouver devant une interface de smartphone ou tablette sur sa télévision.
En réalité, l’interface graphique en elle-même a été conçue pour mettre la télévision au centre. Ainsi, contrairement à la plupart des box modernes, on ne démarre pas sur un menu, mais directement sur une chaîne de télévision. Les principales fonctions sont réparties selon un système en quatre directions : chaînes, services, applis et suggestions.
Le reste de la navigation est à cette image ; on conserve quasiment toujours l’image de la télévision à l’écran lorsque l’on navigue, plus ou moins profondément, dans l’arborescence des menus.
La contextualisation au cœur
Le principal intérêt de ce mode de fonctionnement est que votre navigation sera adaptée pour être plus pertinente en fonction de la chaîne que vous regardez. Ainsi, un passage par le volet « Suggestions » vous proposera des programmes en rapport avec l’émission que vous regardez ; côté « Services », vous pourrez retrouver les programmes en replay de la chaîne ; et côté « Applis », on vous présentera avant tout les applications en rapport avec la chaîne et/ou le programme regardé.
Il en ressort un sentiment d’unification de l’interface assez appréciable puisque, pour les chaînes compatibles, les contenus en replay sont accessibles via l’interface native de la Bbox Miami, sans devoir rentrer dans un service spécifique.
Mais cette contextualisation n’empêche pas un certain degré de personnalisation ; vous pouvez tout à fait ajouter des applications favorites à votre volet « Applis », si vous le souhaitez, par exemple.
Une appli compagnon pour Android et iOS
Le lancement de la Bbox Miami s’accompagnera de celui d’une app pour smartphones et tablettes. Celle-ci ne brille pas particulièrement par son originalité, mais fait ce qu’on attend d’elle : elle propose une télécommande virtuelle ou encore un guide des programmes.
Petite originalité : son contenu s’adapte à ce que vous faites à l’écran. Par exemple, tant que vous regardez la télévision, c’est un guide des programmes qui s’affiche sur votre smartphone, vous permettant de voir d’un coup d’œil ce qui passe sur les autres chaînes et zapper si vous le souhaitez. Mais si vous lancez une application comme Google Chrome, elle se transformera automatiquement pour afficher un pavé tactile virtuel, servant de souris, ainsi qu’un clavier.
Des applis préinstallées, d’autres sur le Play Store
Par défaut, la Bbox Miami embarque un certain nombre d’applications accessibles de suite. Citons notamment Netflix, Vodkaster, VLC, Plex Media Server… et l’ensemble des services Google. Il sera donc parfaitement possible d’utiliser les fonctions essentielles de la box sans avoir à utiliser un compte Google pour télécharger des applications sur le Play Store.
Mais il serait dommage de se priver des possibilités offertes par ce dernier. Grâce à celui-ci, la box grand public pourra se transformer en véritable paradis pour bidouilleurs, puisqu’il est tout à fait possible d’installer des logiciels comme Kodi (ex-XBMC) pour transformer son boîtier en terminal media center avancé.
Et que dire des jeux ? Les éditeurs à avoir porté leurs hits sur Android TV sont nombreux, et on appréciera donc d’avoir la possibilité de jouer à de véritables bons titres comme The Walking Dead sur sa box. À ce sujet, s’il proposera probablement certains pads en boutique, Bouygues entend laisser chaque utilisateur d’utiliser un contrôleur USB ou Bluetooth de son choix — la couche Android se chargeant d’offrir une compatibilité aussi large que possible.
Interrogé sur la présence de services sociaux au sein de sa box, l’opérateur répond par la négative. Bien entendu, il sera toujours possible d’en installer via le Play Store, mais il ne tient pas à prendre la direction d’un Numericable par exemple (dont la télécommande inclut un clavier, et qui propose de poster des captures d’écran des programmes en cours sur Twitter ou Facebook). Pour Bouygues, ces usages doivent rester plus personnels, sur les smartphones et tablettes, et n’ont donc pas leur place sur l’écran familial. En revanche, il n’exclut pas de renforcer l’interactivité entre les écrans, via des mises à jour futures de l’application compagnon…
Des points d’ombre encore (trop) nombreux
Si l’expérience globale est très satisfaisante, ce n’est que sur la durée que l’on pourra évaluer réellement le potentiel de la Bbox Miami. On remarque que, malgré ses qualités évidentes, l’interface testée ne couvre pas certains aspects pourtant très utiles d’une box TV : l’enregistrement de programmes n’a ainsi pas été présenté. Il faut dire que les 16 Go de mémoire embarqués ne permettraient pas d’aller bien loin — ceux-ci semblant réservés aux applis, il faudra passer par un périphérique de stockage externe non-fourni pour en espérer plus.
Autres points d’ombre : si on sait que le boîtier sera proposé à 25,99€ par mois dès janvier 2015 aux clients Bouygues, on est toujours sans nouvelles d’une date de commercialisation pour les potentiels nouveaux abonnés. Enfin, ce prix ne semble être valable que pour les utilisateurs dégroupés sur le réseau Bouygues Telecom ADSL ; rien n’a été annoncé pour les autres.
Bouygues ne cache d’ailleurs pas que sa box a encore un fort potentiel d’évolution. De nombreuses innovations ont été présentées sous la bannière « Bbox Lab », dont une Bbox Miami boostée aux hormones, compatible avec la vidéo en 4K, d’ores et déjà fonctionnelle en prototype.
Que vaut la Bbox Miami face à la Freebox Révolution ?
C’est la question que tout le monde se pose… de l’avis quasi-général, depuis sa sortie en 2010, la Freebox Révolution a conservé la première place au rang des box les mieux conçues. Même si des innovations intéressantes ont vu le jour ça et là, sur LaBox de Numericable notamment, elle a conservé une bonne longueur d’avance, de par sa polyvalence et ses fonctions multimédia avancées.
Mais force est de constater que la Bbox Miami se pose comme un sérieux challenger. En vérité, il ne fait aucun doute qu’elle est plus avancée sur de nombreux points. La plupart des fonctions existent déjà ailleurs, mais elles sont ici mieux réalisées : l’intégration native de la fonction Chromecast permet ainsi d’envoyer des vidéos à l’écran de façon plus intuitive pour le grand public que l’implémentation AirPlay de la Freebox ; le catalogue de jeux et d’applis offert par Android est sans comparaison avec le FreeStore ; et l’unification, pour des services comme le replay, est un atout indéniable.
Proposer une interface cohérente sous Android n’est pas chose facile ; on a déjà vu SFR s’y casser les dents avec une box « Google Play » qui, faute de personnalisation de la part de l’opérateur, ne présente pas un grand intérêt. Indéniablement, ici, Bouygues Telecom a réalisé un bien meilleur travail.
Reste à savoir ce que Free a dans ses cartons. La vieillissante Freebox Révolution sera bientôt remplacée, son hardware embarqué est obsolète, et c’est sa successeure qui aura pour charge de tenir tête à une Bbox qui, sur le papier comme en pratique, nous a fait forte impression. Bouygues prend l’avantage… mais pour combien de temps ?