SFR est-il réellement capable de couvrir tout le territoire en très haut débit, seul, sans aide gouvernementale ? Bloomberg n’y croit pas et parle de véritable « bluff ».
Dans un article, le média économique de référence dénonce l’attitude de Patrick Drahi en France. Le patron du groupe Altice, maison-mère de SFR, a promis de déployer la fibre optique sur l’ensemble du territoire français d’ici 2025, sur ses fonds propres. L’investissement nécessaire pour ce tour de force serait de 8 à 15 milliards d’euros, soit presque autant d’argent public économisé si l’opérateur n’utilisait que ses propres financements. C’est, du moins, ce qu’il affirme.
La provocation semble désormais être au cœur de la communication de SFR sur le très haut débit. Cette annonce fait suite à un coup d’éclat en région Grand Est, où l’opérateur a menacé de concurrencer le futur RIP (réseau d’initiative publique) sur ses fonds propres dans le cas où il ne serait pas retenu. C’est plus ou moins ce qu’il propose, aujourd’hui, à plus grande échelle…
« Tu bluffes, Drahi »
Face à ces belles annonces, Bloomberg est plus que sceptique. Le journal souligne que la promesse de SFR pourrait n’être rien d’autre qu’une « stratégie de négociation » afin de récupérer, au moins partiellement, le déploiement des zones moyennement denses (AMII) dont il entend reprendre jusqu’à 50% des communes. Actuellement, il n’en détient plus que 10%, après en avoir cédé une partie à Orange.
Pour Bloomberg, « plutôt que se laisser distraire », Emmanuel Macron devrait prendre au mot Patrick Drahi et son « bluff ». « En lui disant de commencer à déployer (…) soit SFR s’exécutera, et certaines parties de la France se retrouveront avec deux réseaux au lieu d’un, soit ses promesses se seront avérées infondées ».
Certes, la présence de deux réseaux concurrents (celui du plan THD et celui de SFR) en parallèle dans certaines zones ne serait pas idéal. Mais cela pourrait être un moyen de provoquer la concurrence, idéalement dans l’intérêt des consommateurs, croit Bloomberg qui s’appuie sur l’exemple de l’Espagne.
« Altice prétend pouvoir construire un réseau de fibre optique plus rapidement et moins cher que ses concurrents (…) soit Altice a réellement le potentiel magique de faire les choses mieux que quiconque, soit le véritable talent de Drahi est le lobbying plus que le déploiement », conclut l’article.