Le sujet Armando Pereira est venu lourdement impacter, cet été, les affaires du Groupe Altice, mais n’ont guère surpris.
En effet, cela faisait un moment que des soupçons de corruption planaient au sujet de l’éminence grise de Patrick Drahi, qui de son côté à feint la surprise, s’estimant « choqué et déçu ».
Or, dès l’arrivée d’Armand Pereira à la tête du Groupe, plusieurs éléments avaient d’ores et déjà alerté la direction du Groupe, comme les salariés ou bien encore les instances de délégation du personnel dont la CFDT, et notamment dès sa nomination au poste de Vice-Président de SFR, consécutivement à la fusion avec Numéricable.
Et en effet, dès l’année 2017, soit il y a maintenant 6 ans, les syndicats avaient d’ailleurs interpelé Armando Pereira à plusieurs sujets dans le cadre d’une réunion lors de laquelle étaient présente la direction des ressources humaines et notamment sur des concessions faites par le portugais à des entreprises dirigées par lui-même ou certains proches voire des membres de sa famille, en s’asseyant royalement sur les procédures d’attribution des marchés habituelles.
Même alerte chez le Commissaire aux comptes dès 2019
Même son de cloche chez Deloitte, un cabinet comptable réputé, qui avait dès 2019, alerté Altice Europe sur un risque possible de fraude et établi à ce sujet un rapport enterré en 2021 à la demande de Patrick Drahi lui-même, pointant du doigt le manque de garde-fous pouvant permettre de limiter les pouvoirs de Pereira comme de contrôler un certain nombre de ses décisions ou actions.
Ce n’est pas uniquement la branche portugaise qui est impacté par le scandale, mais également la filiale américaine d’Altice, et là également les salariés se sont élevés contre les pratiques jugées comme douteuses d’Armand Pereira ; les lanceurs d’alerte faisant purement et simplement l’objet d’une éviction sans aucune autre forme de procès, le gendre de l’homme fort d’Altice étant impliqué dans le scandale.
Là également les procédures d’attribution des marchés n’auraient pas été respectées et la responsabilité de celui qui endosse désormais un statut de prévenu, très lourdement engagée alors que les responsables d’Altice auraient été au courant de ses malversations.
Usages passés sous silence, jusqu’à l’implosion cet été.