Décidément les gueulantes deviennent une habitude en cette rentrée de la part de Xavier Niel qui après la tribune publiée dans les Echos la semaine passée dans le litige BFM TV, s’est offert un deuxième coup de sang à l’occasion de la publication des résultats d’Iliad hier matin.
L’objet de son courroux : les modalités d’acquisition des fréquences 5G telles que définies par l’ARCEP, plaçant ses deux plus concurrents, SFR et ORANGE dans une position hégémoniale.
Xavier Niel va même plus loin en précisant : « le processus de l’Arcep a été conçu pour nous détruire, Free ainsi que Bouygues Telecom »(…) « On est en train de refaire les bêtises de la 3G ».
Et ce n’est pas faux.
Une situation qui confine au drame shakespearien.
Ce que propose l’ARCEP, c’est que chaque opérateur se voit attribuer par défaut un bloc de 40 MHz sur la plage 3490-3800 MHz.
Du côté d’Iliad, Thomas Reynaud, Directeur Général d’Iliad, estime que chaque opérateur devrait au moins avoir droit à 60 MHz minimum pour proposer un réseau de qualité, or déjà sur ce premier point, on en est loin.
Ce minimum syndical se voit complété par des tranches de 10 MHz mises aux enchères et allouées par voie de conséquence au plus offrant.
Situation redoutée qui a tourné en Italie et Allemagne à une surenchère, à laquelle tout le monde ne pourra pas participer dans les mêmes conditions et qui s’est terminée Outre-Rhin sur un montant total exposé de 6,55 milliards d’euros.
Or, l’ARCEP n’est par ailleurs pas sans ignorer que la bande de fréquence 5G 3490-3800 MHz est plus limitée que celles utilisées pour la 4G, ce qui laisse entendre une 5G moins performante que sa technologie précédente. Un comble.
Des inquiétudes également partagées par Bouygues et l’UFC Que Choisir.
Au-delà de Xavier Niel, ce sont Bouygues Telecom, d’ores et déjà monté au créneau par la voix de Didier Casas son directeur général et l’UFC que choisir qui s’inquiétaient récemment de la tournure prise par les événements.
L’union de consommateurs remettait même en question le plan de régulation proposé par l’ARCEP, craignant une discrimination sur la distribution des débits menant à un monopole de certains opérateurs sur d’autres évidemment au détriment des consommateurs qui restent de faire les frais, une nouvelle fois, de la situation.
« Les enchères entre opérateurs pourront aboutir à ce que l’un d’entre eux n’ait que 40 MHz à exploiter, quand un autre pourra en obtenir jusqu’à 100 MHz » précisait l’UFC Que Choisir pointant du doigt un « écart [qui] deviendra en réalité abyssal puisque les débits théoriques pourront alors s’échelonner de 30 Mbit/s à plus d’1 Gbit/s »
En d’autres termes, si l’ARCEP ne change pas son fusil d’épaule, la qualité de la 5G risque de ne pas être identique d’un opérateur à un autre, ce qui engendrerait pour les opérateurs au détriment desquels cette situation se ferait, des difficultés majeurs concernant la commercialisation de leurs forfaits.
« L’Arcep doit interdire aux opérateurs de prétendre offrir de la 5G si celle-ci ne garantit pas – pas seulement en théorie mais aussi en pratique – des débits supérieurs à ceux de la 4G » indiquait une fois de plus l’UFC Que choisir qui enfonce le clou sur le déséquilibre créé par le gendarme des télécoms.
Une situation de déséquilibre qui met en péril le principe de la concurrence et qui trouvera sa plus simple expression lors de la commercialisation des forfaits par chacun des opérateurs.
A défaut de régulation, c’est une guerre fratricide en termes d’exploitation et de marketing qui est très clairement entrevue à plus ou moins court terme.