Men’s UP TV, Allociné, Motors TV… toutes ces petites chaînes ont en commun le sentiment de ne pas avoir leur place sur la TNT gratuite en France. En cause, des frais de diffusion élevés, mais également le sentiment que le CSA cherche à favoriser les grands groupes historiques…
Comme nous vous l’annoncions en octobre dernier, Men’s UP TV, chaîne à destination d’un public masculin éditée par Warm Up Interactive, envisageait de présenter sa candidature pour décrocher un des six nouveaux canaux TNT HD gratuits proposés par le CSA. Il semblerait que le projet ait fini par décourager le petit groupe. « Nous avons vraiment étudié le dossier à fond. Mais, aujourd’hui, nous pensons faire machine arrière » a confié Stephan Huyvenaar, président de Warm Up Interactive, aux Échos.
Il y a quelques semaines, Grégoire Lassalle, président d’Allociné, laissait également sous-entendre qu’Allociné TV pourrait se retirer de la course aux candidatures. Il exposait alors ses doutes sur la capacité financière de la chaîne à assurer une telle diffusion : « on sait que la guerre sera féroce, qu’il y a des candidats plus gros que nous et que ça va coûter très cher »…
Il est vrai que les frais de diffusion nécessaires pour un canal TNT à l’échelle nationale ont de quoi refroidir les meilleurs volontés : estimés à environ 10 millions d’euros par an, ceux-ci écartent naturellement la plupart des petits acteurs du secteur. « Les petits éditeurs n’ont aucune chance », lance sans ménagement Jean-Luc Roy, président de Motors TV, qui a également renoncé à l’obtention d’un canal TNT.
Plus gênant, les chaînes ont le net sentiment que le CSA cherche à privilégier les grands groupes de l’audiovisuel français. Ainsi, malgré la disparition des canaux compensatoires destinés à TF1, M6 et Canal+, ces derniers récupéreraient tout de même leur dû, de facto, via l’appel à candidatures. « On a le sentiment que les fréquences sont déjà attribuées », regrette Stephan Huyvenaar.
Une source proche du CSA confirme ces soupçons et confie aux Échos : « aucune des petites chaînes n’a de chance sérieuse dans le cadre de cet appel à candidatures. Il faut avoir les reins solides ; l’aspect économique sera placé au même niveau d’importance que le projet d’éditorial ». Le CSA chercherait non seulement à privilégier les chaînes « de complément » aux minigénéralistes, déjà présentes en grand nombre sur la TNT, mais également à ne pas reproduire le “trafic de fréquences” ayant marqué les premiers lots de canaux attribués (les groupes AB et Bolloré ont réalisé des profits en revendant leurs canaux TNT, respectivement TMC et NT1 d’un côté, Direct 8 et Direct Star de l’autre).
Source : Les Échos