Canal+ va profiter du canal bonus que l’État lui a accordé pour lancer une nouvelle chaîne gratuite sur la TNT. “Canal 20” , ainsi qu’on la surnomme pour le moment, devrait permettre au groupe de télévision payante de venir concurrencer les grandes chaînes gratuites nationales : TF1, France Télévisions, M6…
Si Bertrand Méheut, PDG du groupe, avait longtemps hésité entre une chaîne gratuite ou payante, il révèle son choix aujourd’hui dans une interview consacrée au Figaro : « nous avons décidé que la chaîne bonus attribuée par la loi, sera gratuite. Son nom de code est « Canal 20 ». Nous serons prêts pour émettre dès la fin de la télévision analogique, en novembre 2011 ».
Canal 20 proposera une « ligne éditoriale très qualitative », dans « la lignée de Canal+, centrée sur le cinéma, la création originale et présentera aussi des magazines culturels et éventuellement un nombre très limité d’événements sportifs ». Pour atteindre son but, Canal 20 disposera d’un budget conséquent, qui représentera un investissement de 5% supplémentaire par rapport aux 2 milliards d’euros investis par le groupe Canal+ dans les programmes chaque année. De quoi en faire « le premier budget des nouvelles chaînes de la TNT », stipule Bertrand Méheut. Certaines dépenses seront toutefois mutualisées avec Canal+…
Loin d’encourager les spectateurs à se désabonner de Canal+, « Canal 20 suscitera l’envie de s’abonner à la télévision payante », estime Bertrand Méheut, qui rappelle que Canal+ conservera des « exclusivités » sur le sport ainsi que l’accès plus rapide aux séries ou films de cinéma.
Face au risque que les canaux “compensatoires”, accordés d’office aux grandes chaînes (TF1, Canal+, M6) par l’État français, soient bloqués par la Commission européenne, qui voit cette mesure d’un mauvais œil, le PDG reste optimiste : « depuis 2005, le groupe Canal+ a dépensé 500 millions d’euros pour ce passage [au numérique, ndlr], dont 200 millions pour changer les décodeurs. La chaîne compensatoire est donc pleinement justifiée et les autorités françaises l’ont déjà plaidé à Bruxelles », argue-t-il.