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L’État au chevet d’Alcatel Submarine Networks : une acquisition stratégique à 100 millions d’euros

La santé budgétaire de l’Etat est certes particulière à l’instant T, mais cela n’empêche pas celui d s’apprêter à acquérir la majorité du capital d’Alcatel Submarine Networks (ASN), une filiale de Nokia spécialisée dans la fabrication et l’installation de câbles sous-marins essentiels à la connectivité mondiale. Ce mardi 5 novembre, le ministre de l’Économie, Antoine Armand, s’est rendu sur le site d’ASN à Calais pour signer ce contrat d’acquisition majeur avec Nokia, dont l’objectif est de renforcer la souveraineté numérique de la France pour un montant estimé à 100 millions d’euros.

ASN : un acteur clé de la connectivité mondiale

Alcatel Submarine Networks, implantée à Calais, est un fleuron européen dans la production de câbles sous-marins, avec une part de marché mondiale estimée à 33 %. L’entreprise joue un rôle stratégique dans la connectivité entre l’Europe et l’Afrique, ainsi que pour les liaisons transatlantiques. La prise de participation de l’État à hauteur de 80 % dans ASN reflète une volonté de contrôle direct sur une technologie cruciale face aux risques de piratage et de sabotage, dans un climat géopolitique tendu.

« ASN est la seule entreprise en Europe capable de concevoir, de fabriquer, d’installer et de maintenir des câbles sous-marins, » souligne Bercy, expliquant ainsi l’importance de cette opération. En reprenant le contrôle d’ASN, la France cherche à sécuriser sa position stratégique face aux grands enjeux de cybersécurité et de connectivité.

Un rachat préparé de longue date

Le rachat d’Alcatel par Nokia en 2016 avait suscité des inquiétudes au sein du gouvernement français. Depuis, plusieurs négociations se sont déroulées pour ramener ASN dans le giron français. « Cela faisait un moment que l’État cherchait à reprendre le contrôle d’ASN, et ce depuis le rachat par Nokia », commente une source syndicale dans un article publié dans La Tribune. Après de nombreux échanges, un accord aurait donc été trouvé avec le géant finlandais.

L’État, via l’Agence des Participations de l’État (APE), prévoit de financer cette acquisition à partir du compte d’affectation spéciale des participations financières de l’État, afin de préserver la flexibilité budgétaire. En outre, le contrat offre à l’État la possibilité de monter progressivement à 100 % du capital d’ASN.

Un partenariat renforcé avec Free Pro

Acteur de l’innovation technologique, ASN collabore également avec Free Pro, filiale professionnelle de l’opérateur Free, qui a contribué à son succès en tirant parti des capacités de connectivité d’ASN. Ce partenariat stratégique a permis à Free Pro de soutenir le développement d’infrastructures de réseaux pour les entreprises françaises, renforçant l’interconnexion à l’échelle mondiale.

Potentiel de croissance et enjeux pour ASN

ASN affiche actuellement un chiffre d’affaires d’environ un milliard d’euros. Toutefois, le gouvernement estime que cette somme pourrait doubler, voire tripler dans les prochaines années, en raison de la demande croissante de connectivité. Les géants de la technologie, comme les GAFAM, cherchent en effet à déployer leurs propres réseaux sous-marins pour renforcer leur présence mondiale.

Pour répondre à cette demande, Nokia avait investi plus de 100 millions d’euros sur le site de Calais, dans le cadre du plan de développement NÉO. Ce plan d’envergure, lancé avant l’acquisition, visait à étendre la capacité de production de câbles sous-marins à 50 000 kilomètres par an. Cependant, les syndicats s’inquiètent de retards dans le déploiement du plan NÉO, qui aurait dû être achevé en 2022. « Ce plan n’est pas encore pleinement opérationnel », regrette un représentant du personnel toujours dans La Tribune, soulignant les préoccupations des salariés quant à une possible perte de compétences techniques dans le renouvellement des effectifs.

Une acquisition rassurante pour les salariés et les acteurs de la cybersécurité

Les employés d’ASN voient d’un bon œil cette reprise par l’État, estimant que cette acquisition pourrait apporter une meilleure compréhension des enjeux industriels et de cybersécurité. « L’arrivée de l’État comme actionnaire majoritaire est rassurante. Avec Nokia, nous sentions une certaine distance avec nos problématiques spécifiques », admet une source syndicale.

En devenant majoritaire dans ASN, l’État affiche son ambition de sécuriser et développer une infrastructure essentielle pour la connectivité nationale et internationale. Cette prise de contrôle vise également à renforcer la position de la France sur le marché mondial des câbles sous-marins, dans un secteur où la maîtrise technologique est cruciale pour répondre aux défis de demain.

Source La Tribune

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