Depuis l’arrivée de la 5G en France, l’opérateur Free s’est distingué en étant l’un des premiers à couvrir une large part du territoire grâce, entre autres, à l’utilisation de la bande de fréquences 700 MHz. Cependant, pour beaucoup d’observateurs, la question du déploiement de la 5G “pure” ou 5G SA (Standalone) reste au cœur des débats. Cette nouvelle architecture réseau doit, à terme, permettre de libérer tout le potentiel de la 5G en améliorant significativement la latence, la capacité et les débits. Quel est l’état des lieux et que pouvons-nous concrètement attendre de Free en la matière ?
Un rappel : qu’est-ce que la 5G SA ?
Lorsque la 5G a fait ses premiers pas, la plupart des opérateurs ont opté pour une architecture dite NSA (Non-Standalone). Cette approche, plus simple à mettre en place au départ, s’appuie en grande partie sur les infrastructures 4G existantes (notamment le cœur de réseau). Le principal avantage du NSA est qu’il a permis d’introduire la 5G plus rapidement et à moindre coût. L’inconvénient, toutefois, est qu’il ne délivre pas toutes les performances théoriques qu’une 5G autonome peut offrir.
À l’inverse, la 5G SA (Standalone) repose sur un cœur de réseau entièrement repensé pour la 5G. Elle ouvre la voie à des services innovants grâce à des débits plus stables, une latence ultra-faible (l’ultra-réactivité, cruciale pour les véhicules autonomes ou la télémédecine, par exemple) et une gestion plus flexible des ressources réseau. Dans une architecture SA, le réseau mobile est découplé des infrastructures 4G : les équipements, la signalisation et la gestion du réseau sont spécifiques à la 5G.
Free : des débuts fulgurants en 5G NSA.. mais de suite atténué
Free a lancé sa 5G grand public dès décembre 2020 en combinant deux types de fréquences :
- La bande 700 MHz, historiquement utilisée pour la 4G chez l’opérateur, mais réaffectée en partie pour la 5G.
- La bande 3,5 GHz, considérée comme la “bande reine” de la 5G, car offrant un compromis intéressant entre portée et débits élevés.
Grâce à la bande 700 MHz, Free a rapidement pu afficher des taux de couverture 5G très élevés, même dans des zones reculées. Cependant, ce n’était en grande majorité que de la 5G NSA, car le cœur du réseau continuait de s’appuyer sur l’infrastructure 4G.
Le déploiement de la 5G SA chez Free : un point d’étape
À ce jour, les informations officielles sur l’avancement de la 5G SA chez Free restent limitées. Comme les autres opérateurs, Free procède à des tests pour déployer progressivement un cœur de réseau 5G autonome. L’objectif est de migrer certaines zones pilotes puis, une fois les retours concluants, d’étendre ce nouveau cœur sur l’ensemble de son réseau.
Les difficultés à surmonter sont multiples :
Il faut d’ores et déjà moderniser l’infrastructure et déployer des équipements compatibles 5G SA implique de renouveler ou d’adapter les antennes, de revoir la configuration des centres de données et d’installer des logiciels spécifiques, mais aussi gérer la coexistence avec la 4G.
Les réseaux mobiles restent en effet indispensables aux utilisateurs 4G et aux zones rurales. Il convient donc de maintenir une compatibilité parfaite (voire un réseau dual 4G/5G) le temps de la transition.
Enfin, il est impératif d’optimiser la couverture. La fréquence 3,5 GHz se déploie progressivement, mais ses caractéristiques de portée sont inférieures à celles de la bande 700 MHz. Combiner intelligemment ces fréquences est donc essentiel pour offrir la meilleure expérience.
Vers un réseau 5G SA au service des nouveaux usages
Lorsque la 5G SA sera pleinement mise en place, les possibilités pour les entreprises et les consommateurs seront démultipliées. Free aura la capacité de proposer :
- Des débits beaucoup plus élevés et stables, propices à la diffusion de contenus en 4K ou 8K, au cloud gaming ou à la réalité augmentée/mixte.
- Une latence très faible, extrêmement importante pour la télémédecine, l’e-sport, la robotique, ou les véhicules connectés, autant d’usages qui réclament des temps de réponse quasi instantanés.
- Des solutions de slicing (découpage du réseau), qui permettront de réserver une “tranche” de réseau pour un usage spécifique (par exemple un réseau dédié pour les urgences médicales ou pour un site industriel).
Ces avancées exigent toutefois une feuille de route à long terme, car la mise à jour du cœur de réseau et le renouvellement des infrastructures ne s’effectuent pas du jour au lendemain.
Perspectives et attentes
Pour l’instant, Free n’a pas communiqué d’échéancier précis concernant un déploiement à grande échelle de la 5G SA. On peut néanmoins s’attendre à ce que l’opérateur suive la même tendance que ses concurrents, qui ont également démarré des expérimentations ou des déploiements progressifs. Les prochaines annonces officielles devraient éclaircir la stratégie et le calendrier de bascule vers l’architecture autonome.
Si la 5G NSA de Free est déjà largement accessible et garantit de bonnes performances sur l’ensemble du territoire, la 5G SA reste l’étape clé pour tirer parti des vrais bénéfices de cette nouvelle génération de réseau mobile. L’opérateur prépare cette transition, mais aucun détail précis n’a pour l’heure été rendu public sur un déploiement massif. Il faudra donc encore un peu de patience avant de voir la 5G SA de Free s’imposer et répondre pleinement aux attentes des usagers en quête de très haut débit et de services inédits.