L’Observatoire de la qualité des services mobiles, publié cette semaine par l’ARCEP, n’est pas suffisamment complet au goût de l’UFC-Que Choisir. L’association dénonce le manque de clarté de l’enquête, notamment sur les résultats de Free Mobile en itinérance.
Dans une note de son blog, Alain Bazot, président de l’UFC-Que Choisir, dénonce le caractère incomplet des mesures, publiées par l’Autorité de régulation des télécoms et accessibles en open data pour tout un chacun. Objet principal de ses critiques : la qualité de service chez Free Mobile, qui « collectionne les bonnets d’âne en termes de qualité ».
Quelques données viennent tout particulièrement le chagriner. Alain Bazot remarque que Free, en zones rurales (plus susceptibles de faire appel à l’itinérance Orange), présente des performances comparables aux autres opérateurs pour le chargement de simples pages web. En revanche, il est très nettement en retrait sur le téléchargement de gros fichiers ou sur la vidéo en streaming.
C’est ici le vieux serpent de mer du bridage des données en itinérance qui refait surface : on le sait, sur le réseau d’Orange, Free a largement restreint l’accès aux fichiers plus volumineux, notamment en filtrant les extensions multimédia (audio, vidéo…). Démontrées dès 2014, ces pratiques semblent avoir toujours cours aujourd’hui.
Dès lors, le président de l’UFC-Que Choisir regrette que les résultats proposés par l’ARCEP ne permettent pas de voir les « différences de qualité selon que le trafic généré par les abonnés de Free Mobile passe par le réseau propre de l’opérateur ou en itinérance ». Alors qu’un grand nombre de données sources sont disponibles en open data, il dénonce un véritable problème de transparence, de la part du régulateur des télécoms.
Alain Bazot rappelle par ailleurs que « le règlement européen 2015/2120 consacré à la neutralité d’internet est directement applicable depuis le 30 avril 2016. Or ce règlement vise, sinon à empêcher, à rendre illégal la gestion des réseaux qui aboutiraient à procéder à une discrimination sur les flux ». En d’autres termes, si les pratiques de bridage de Free étaient avérées, elles seraient probablement contraires à la notion de neutralité du net, en vigueur dans l’Union européenne depuis peu.
Il faut dire que l’association de consommateurs a porté plainte, dès 2013, contre Free Mobile pour « pratiques commerciales trompeuses ». Ses griefs portaient, entre autres, sur de tels soucis de qualité de service en itinérance. L’affaire étant toujours en cours d’instruction, l’UFC-Que Choisir aurait pu s’appuyer sur les données brutes fournies par l’ARCEP afin de renforcer son dossier.
via le blog d’Alain Bazot