On a déjà eu l’occasion d’évoquer, à plusieurs reprises, les diverses méthodes de bridage pratiquées par Free Mobile sur ses abonnés en itinérance (réseau Orange). Celles-ci sont variées et évoluent avec le temps : bridage par extension de fichier, bridage web, priorisation des speedtests, etc.
L’équipe de 4Gmark, à l’origine de l’application éponyme et du baromètre 4Gmonitor que nous relayons fréquemment dans nos colonnes, a mené sa propre enquête sur le bridage pratiqué par Free Mobile en itinérance. Une série de tests, menés en juillet et août auprès d’un peu moins de 15 000 utilisateurs (dont 6112 chez Free), montre clairement le bridage pratiqué par extensions de fichiers, statistiques à l’appui.
Les débits moyens sont nettement moins élevés sur les fichiers de type vidéo et audio, mais aussi d’autres types (fichiers Word .doc et Powerpoint .ppt, exécutables Windows .exe, images disque .iso, archives .zip). On note le taux d’échec plus élevé pour les fichiers multimédia que pour les autres extensions bridées, signe qu’il existe au moins deux “groupes” d’extensions bridées à différents niveaux.
De leur côté, les extensions non-bridées ne semblent subir aucun problème de débit ou de taux d’échec. On y retrouve les fichiers image (.jpg, .png), les fichiers Adobe PDF, les tableurs Excel .xls, les fichiers texte .txt, ou encore les extensions inconnues qui servent ici de témoin (.file, .xyz) :
- Débits et taux d’échec par extensions de fichiers chez Free (tous tests)
Un tel écart ne se retrouve pas chez les opérateurs concurrents, constate 4Gmark ; bien qu’il existe quelques différences de débits entre types de fichiers, notamment chez Orange, celles-ci sont nettement plus resserrées et le taux d’échec n’est jamais aussi important que chez Free en vidéo.
Mais il y a plus intéressant : en séparant les mesures en réseau propre Free et en itinérance, on constate que le réseau propre ne semble pas pratiquer de discrimination entre les types de fichiers. En revanche, sur l’itinérance, la différence est nette : les débits des extensions bridées sont au ras des pâquerettes, avec un taux d’échec ultra-élevé pour les extensions muiltimédia. Il s’agit donc bien du bridage sur l’itinérance, lui seul, qui plombe les résultats pour l’ensemble de l’opérateur !
- Débits et taux d’échec par extensions de fichiers chez Free (réseau propre uniquement)
- Débits et taux d’échec par extensions de fichiers chez Free (itinérance Orange uniquement)
Une synthèse des débits par horaire permet également de voir que les débits atteints chez Free Mobile en itinérance sont moins élevés dans l’après-midi, particulièrement sur la tranche 12h-15h, là où le réseau propre de Free conserve un débit à peu près constant quelle que soit l’heure de la journée.
Au-delà du bridage par extensions, 4Gmark confirme que le web bloque également sur l’itinérance. On le sait, depuis plusieurs mois, Free affiche un taux d’échec web nettement plus élevé que ses concurrents sur le baromètre 4Gmonitor (27 % en juillet-août). Là encore, cette mauvaise performance est à mettre sur le dos de l’itinérance, qui affiche un taux d’échec web de 55 % à elle seule — en réseau propre, Free Mobile affiche un taux d’échec web de 9 %, dans la fourchette des 8 à 10 % affichés par Orange, SFR et Bouygues.
À qui la faute ?
« Quel que soit l’origine du bridage, subit, unilatéral ou consenti/contractuel auprès d’Orange, c’est Free qui est responsable auprès de ses consommateurs de sa qualité de Service », rappelle 4Gmark, qui renvoie l’opérateur à ses obligations : si le bridage persiste, Free pourrait être contraint « d’annoncer clairement aux clients de ses offres une telle limitation ».
Rappelons que Free a déjà été condamné par le passé pour de telles mesures de bridage, sur son réseau IP ADSL (non-dégroupé) cette fois. Les faits remontaient à 2006 et l’opérateur avait alors été reconnu coupable, entre autres, de « tromperie sur la nature, la qualité ou l’origine d’une prestation de service ».
Source : ZDnet.fr