L’image de Xavier Niel et Stéphane Richard, pour Orange, main dans la main, n’est pas courante.
Elle devrait devenir un peu moins hétéroclite avec l’annonce faite en fin de semaine dernière, d’un partenariat signé entre les deux opérateurs concurrents, concernant la mutualisation dite « passive » d’un certain nombre de pylônes téléphoniques édifiés au cœur des campagnes.
En d’autres termes, Free et Orange occuperaient le terrain physique sur chaque pylône, y installant son propre matériel dans des zones pour l’heure peu investies matériellement et sur lesquelles l’accent a été mis par l’ARCEP (zones de déploiement prioritaire) tout en en réglant leurs propres coûts d’exploitation et d’entretien.
Le tout afin d’améliorer considérablement la couverture mobile au cœur de ces territoires.
Les zones blanches véritables enjeux des politiques d’aménagement du territoire de demain ?
On appelle couramment « zone blanche » un territoire non couvert par un réseau mobile. Aucun opérateur mobile, ou presque, ne couvre ce territoire peu densément peuplé, situé le plus souvent en zone rurale.
L’expression « zone blanche » peut aussi faire référence au programme gouvernemental « zones blanches – centres bourgs » initié en 2003. Ce programme, piloté par l’Etat, consiste à apporter des services de téléphonie mobile, SMS et internet mobile à très haut débit, dans plus de 3500 centres-bourgs de communes de France qui ne bénéficiaient d’aucune couverture mobile lors de recensements effectués en 2003, 2008, 2015, 2016 et 2017.
La liste des communes intégrées dans le programme « zones blanches – centre bourgs » est définie par arrêté ; la couverture de ces communes passe par le déploiement de plus de 2500 sites mobiles.
Free / Orange : entre objectifs personnels concurrentiels et rentabilisation.
L’objectif de cette mutualisation représente donc un véritable enjeu en matière d’aménagement du territoire et par voie de conséquence : une meilleure gestion des coûts d’entretien des infrastructures pour chaque opérateur mais également le respect de prescriptions imparties par l’ARCEP notamment à Orange, dans le cadre du New Deal Mobile , visant à alerter la concurrence de l’installation de ses infrastructures dans les zones blanches ou grises, considérées comme mal desservies en termes de réseau.
Une manière comme une autre pour Orange de se conformer aux obligations mises à sa charge tout en passant tout en poursuivant un déploiement accéléré vers ces zones avec le soutien de la concurrence en pis-aller.
Une situation tolérée par l’ARCEP contrainte de revoir sa position vis-à-vis de l’opérateur historique de ce chef mais qui parallèlement a ressenti le besoin de s’allier l’assentiment général, au moyen d’une consultation publique lancée sur le sujet, dont l’objet sera de revenir ou non sur les obligations mal vécues par Orange.
Un mal nécessaire sur une question philosophique, qui permet avant toutes choses d’anticiper un certain nombre de questionnements avant l’entrée dans le vif du sujet du déploiement de la 5G dans les mois qui viennent et notamment relatives aux investissements respectifs de chacun, parallèlement aux sommes investies dans la Fibre ou la couverture des zones blanches.
Ce partenariat permet avant toutes choses de damer le pion à l’alliance Bouygues / SFR mise en place il y a de cela plusieurs mois, qui leur a permis d’ améliorer très largement leur compétitivité dans le domaine.
Source : La Tribune.