Après plus de quatre ans durant lesquels les clients de Free Mobile devaient activer eux-mêmes l’IPv6, l’opérateur a commencé à franchir un cap décisif : l’activation par défaut du protocole. Une évolution accueillie avec soulagement, tant la communauté technique et le régulateur Arcep pointaient du doigt le retard de Free Mobile en la matière. Selon plusieurs témoignages récents relatés sur X par Tiino-X83, seuls les nouveaux abonnés bénéficient pour l’instant de cette activation automatique ; les clients existants, eux, doivent encore cocher l’option manuellement dans leur espace abonné.
Désormais, l’accès dual-stack (IPv4 + IPv6) devient la norme sur le réseau de Free Mobile pour les nouveaux venus, une mise à jour dans la logique de la transition vers IPv6 engagée par le monde des télécoms. L’opérateur avait d’ailleurs déjà signalé son intention de passer à l’activation systématique lors de la journée des communautés en octobre dernier, assurant que « tout le monde » y serait progressivement éligible.
Une transition incontournable pour éviter la « scission » d’Internet
La migration à grande échelle vers IPv6 n’a rien d’anodin : avec l’IPv4 historique, l’épuisement des adresses disponibles est une réalité, ce qui pourrait conduire à une forme de fracture d’Internet si la transition prenait encore du retard. Selon les chiffres d’avril 2024, la France se positionne d’ores et déjà comme l’un des bons élèves mondiaux, avec un taux d’utilisation de 64,6 %. Sur le marché fixe, Free est même cité en exemple : environ 99 % de ses abonnés xDSL ou fibre bénéficient d’une connectivité IPv6.
Sur le volet mobile, en revanche, le tableau se montrait jusqu’ici bien différent : alors que la majorité des opérateurs français ont activé l’IPv6 pour plus de 90 % de leurs clients, Free Mobile stagnait à environ 1 %. L’option était certes disponible dans l’espace abonné depuis 2020, mais n’était pas cochée par défaut et exigeait une configuration manuelle des APN sur les smartphones. Cela freinait l’adoption, sauf pour les utilisateurs les plus avertis.
Un marché encore réticent, malgré une dynamique générale
Pourquoi Free Mobile a-t-il pris tant de temps à généraliser l’IPv6 ? D’un point de vue technique, son réseau était déjà compatible, et les experts s’accordent à dire que la mise en œuvre du protocole n’est pas le principal frein. Il est probable que l’opérateur, soucieux de l’expérience utilisateur, ait attendu d’avoir totalement fiabilisé l’activation par défaut avant de le proposer à grande échelle. Les modifications de l’APN et la gestion du dual-stack imposent en effet un minimum de support et de clarté dans la documentation.
Cette inertie pouvait surprendre, au vu de la réputation de précurseur parfois associée à Free en matière de services. Mais la réalité du déploiement mobile et des enjeux de support client diffère de celle du fixe. Ainsi, l’activation automatique pour les nouveaux abonnés symbolise sans doute un compromis : plus besoin de démarche annexe, le réseau se configure lui-même en IPv6 quand vous souscrivez un forfait Free Mobile.
Quels enjeux et perspectives pour ce passage à l’IPv6 ?
Sur le plan national, l’Arcep, le gendarme français des télécoms, a maintes fois insisté sur l’urgence de généraliser l’IPv6, afin que la France conforte son statut de leader européen en la matière. Les dispositifs mis en place par Free Mobile pour combler l’écart vis-à-vis de la concurrence répondent à cette pression. De plus, l’utilisation d’IPv6 ouvre la voie à des innovations plus avancées, facilitant des services comme l’IoT massif ou la domotique, dans la mesure où chaque appareil peut disposer d’une adresse unique et routable.
Le fait de proposer un accès dual-stack par défaut sert aussi d’argument marketing : de plus en plus de clients professionnels ou exigeants vérifient la compatibilité IPv6 de leur opérateur avant de souscrire. Free Mobile pourra ainsi s’aligner sur Bouygues Telecom ou Orange, lesquels ont déjà amorcé la bascule pour la quasi-totalité de leurs abonnés.
Une adoption progressive chez tous les clients
Reste que les clients existants de Free Mobile doivent encore s’accommoder de l’activation manuelle, du moins pour l’instant. Bien qu’aucune date précise de bascule automatique n’ait été communiquée pour l’ensemble des utilisateurs, l’opérateur a fait savoir que le mouvement se poursuivrait dans les mois à venir. La marche complète vers l’IPv6 sera donc un chantier continu, pour lequel un accompagnement pédagogique semble nécessaire.
En attendant, cette évolution sonne comme une bonne nouvelle pour le marché français, toujours avide d’améliorations techniques. Free Mobile, qui affichait un paradoxe en étant très en avance sur le fixe et très en retard sur le mobile, s’aligne désormais sur les standards du secteur. Pour les aficionados du haut débit et des solutions les plus modernes, c’est un pas supplémentaire en faveur de la simplification des usages, dans un univers numérique à l’évolution effrénée.
Source Tiino-X83