Une enveloppe affichée comme généreuse, mais des usages qui restent modérés
Free Mobile continue de cultiver son image d’opérateur disruptif en proposant l’une des enveloppes de data les plus vastes du marché. Depuis mai 2024, le forfait 5G inclut jusqu’à 350 Go de données par mois, sans hausse de tarif. Une offre Free 5G avec une consommation data importante entend rassurer les gros consommateurs tout en renforçant la politique historique de Free : offrir un maximum de liberté et éviter les limitations anxiogènes. Fidèle à sa démarche, l’opérateur ajuste régulièrement ces plafonds dans une logique de fidélisation, sans surcoût pour ses abonnés, notamment ceux bénéficiant des avantages Freebox.
Mais derrière cette générosité affichée, la réalité des usages est toute autre. Si le forfait permet théoriquement de streamer, jouer en ligne ou télécharger sans se poser de questions, les statistiques montrent que l’immense majorité des abonnés n’exploitent qu’une fraction de cette enveloppe.
L’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse) rappelle que la consommation moyenne de données mobiles en France reste stable, autour de 17 Go par mois. Même avec l’essor de la 5G et les offres premium aux plafonds gonflés, cette moyenne nationale évolue peu. Autrement dit, l’écart entre les volumes proposés par les opérateurs et la consommation réelle des utilisateurs reste significatif.
Cette situation révèle une forme de décalage entre la promesse marketing et l’usage concret. Si certains power users (gamers, professionnels de la vidéo, télétravailleurs mobiles) peuvent approcher ou dépasser ces seuils, ils restent une minorité. Pour la majorité des utilisateurs, les 350 Go mensuels proposés par Free apparaissent comme un argument psychologique plus qu’un besoin pratique.
Cet écart soulève aussi des questions sur l’efficience des forfaits mobiles actuels. Les opérateurs, pour rester compétitifs, jouent la surenchère des gigas — quitte à proposer beaucoup plus que nécessaire. Un phénomène qui pourrait à terme être interrogé par les autorités régulatrices, notamment dans le cadre des réflexions en cours sur l’impact environnemental du numérique et la possible mise en place de tarifications plus progressives ou éco-responsables.
Si Free conserve son avantage commercial sur le volume de data, l’enjeu de demain pourrait bien se déplacer vers une valorisation des usages réels, de la qualité de service et de la sobriété numérique. Car proposer 350 Go, c’est bien ; faire en sorte que cette générosité rime avec utilité, c’est peut-être là que se jouera la prochaine bataille des télécoms.
Couverture 5G étendue : Free mise sur l’ultra-accessibilité
En 2025, Free Mobile continue d’afficher l’une des meilleures progressions en matière de déploiement 5G. L’opérateur revendique une couverture atteignant désormais plus de 94 % de la population française, un chiffre qui illustre non seulement la densité de son réseau mais aussi son choix clairement assumé de privilégier l’accessibilité nationale, y compris dans les zones rurales ou périurbaines.
Cette approche s’appuie notamment sur l’utilisation complémentaire de plusieurs bandes de fréquences : la bande 700 MHz, idéale pour couvrir de vastes territoires, mais aux débits plus modérés, et la bande cœur 3,5 GHz, qui permet d’atteindre des vitesses bien supérieures dans les zones densément peuplées. Le déploiement progressif de la 5G Standalone (SA) sur le réseau Free vient également renforcer cette dynamique. Avec des promesses de latence réduite et de fiabilité accrue, notamment pour les nouveaux usages comme l’IoT, le gaming mobile ou la vidéo en très haute définition.
Pour autant, cette montée en puissance technique ne se traduit pas automatiquement par une explosion de la consommation de data. Les études de l’Arcep montrent que si les forfaits affichent des enveloppes de 100 à 300 Go, la consommation moyenne reste modeste, autour de 17 à 19 Go par mois. Une réalité qui interroge sur l’adéquation entre les volumes proposés et les usages réels, et qui pourrait bien conduire à une évolution des modèles tarifaires.
Pour une tarification progressive des données mobiles ?
Alors que les offres commerciales continuent de gonfler artificiellement les volumes de données inclus, une réflexion émerge du côté des pouvoirs publics. L’Agence de la transition écologique (ADEME) plaide de son côté pour une tarification progressive des forfaits mobiles, afin d’inciter les consommateurs à ajuster leur consommation de data en fonction de leurs besoins réels, tout en prenant en compte l’impact environnemental du numérique.
Cette idée, encore à l’étude, pourrait s’inspirer des mécanismes appliqués à l’énergie ou à l’eau : un tarif de base pour une consommation « raisonnable », avec des paliers tarifaires croissants au-delà d’un certain seuil. L’objectif serait double : encourager une utilisation plus sobre du réseau mobile et responsabiliser les acteurs du marché face à l’empreinte carbone croissante du secteur, notamment liée à la consommation énergétique des infrastructures réseau et des datacenters.
Pour Free, qui s’est historiquement positionné comme un opérateur disruptif avec des enveloppes généreuses à prix fixe, une telle évolution pourrait représenter un tournant significatif. Reste à savoir si les opérateurs seront incités à accompagner cette transition par des offres plus modulaires, ou s’ils préféreront maintenir leur politique actuelle de « data à volonté » pour conserver leur attractivité commerciale.
Source l’ADEME