Dans un dossier, L’Express s’intéresse à Bouygues Telecom et à ses chances face à l’arrivée du quatrième entrant sur le marché de la téléphone mobile, Free Mobile.
En tant que plus petit parmi les trois opérateurs historiques, Bouygues est de tout évidence le « plus vulnérable » à une offensive menée par le nouvel entrant. Le « maillon faible » de la bande aurait le plus à perdre dans une guerre des prix : « ses abonnés sont les plus dépensiers (…) mais ses marges demeurent aussi les plus faibles », explique l’article.
Conscient du danger représenté par Free, Bouygues Telecom a tout d’abord été l’un des principaux acteurs à tenter d’empêcher son arrivée sur le marché. On se souviendra ainsi des efforts déployés par Martin Bouygues pour dissuader Xavier Niel de tenter l’aventure. à grands coups de déclarations mettant tantôt en avant le risque de pertes d’emplois au sein de sa filiale (de 10 000 à 30 000 postes selon lui), tantôt le prix de la nouvelle licence jugé trop peu élevé, il tente de faire marcher le lobbying auprès des pouvoirs publics. En vain. Bouygues Telecom sera même allé jusqu’à déposer deux recours devant le Conseil d’État pour bloquer l’arrivée de Free, là encore sans résultat.
Finalement, le troisième opérateur mobile a bien dû se rendre à l’évidence et a donc mis en place sa ligne de défense anti-Free. C’est ainsi que Bouygues débarque sur le terrain de l’ADSL, avec la Bbox et surtout Ideo — une offre quadruple play qui lui permettra de se faire une place sur le marché du fixe. Le groupe consent également à accueillir des MVNO et opérateurs alternatifs sur ses réseaux fixes et mobiles, chose impensable jusqu’alors (« je me suis acheté un château, ce n’est pas pour laisser les romanichels venir sur les pelouses », clamait Martin Bouygues).
Dernièrement, l’offre low-cost B&You vient rejoindre l’arsenal de mesures anti-Free déployées par l’opérateur. Dans des vœux adressés à ses employés, Olivier Roussat, directeur général de Bouygues Telecom, emploie un ton guerrier et affirme que « B&You marche clairement sur les codes de Free, issus du monde de l’Internet »…
Si toutefois les efforts tarifaires consentis avec sa nouvelle gamme n’était pas suffisants face à Free Mobile, qui promet de diviser le prix des forfaits mobiles par deux, Olivier Roussat se veut confiant et n’exclut pas la mise en place d’une riposte rapide. Il glisse au journal : « nous leur avons préparé quelques petits cadeaux de Noël. Mais je ne peux pas vous les dévoiler. Où serait la surprise ? ».