L’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep) vient de frapper un grand coup en finalisant l’attribution des fréquences mobiles en Martinique et en Guadeloupe. Cette décision, officialisée le 18 février 2025, ouvre une nouvelle ère pour les télécoms ultramarins, avec des implications stratégiques majeures, notamment pour Free Caraïbe, qui entend bien secouer le marché.
Un marché en recomposition
Après des enchères serrées, les quatre acteurs majeurs – Digicel AFG, Free Caraïbe, Orange et Outremer Telecom – se partagent les précieuses ressources spectrales. Trois bandes sont concernées :
- 700 MHz et 900 MHz, fréquences basses, essentielles pour la couverture en zones rurales et l’amélioration de la pénétration indoor.
- 3,4 – 3,8 GHz, fréquence clé pour la 5G, garantissant des débits élevés et une latence réduite.
Les nouvelles autorisations permettent un déploiement immédiat sur les bandes 700 MHz et 3,4 – 3,8 GHz, tandis que le 900 MHz entrera en action le 1er mai 2025. Un calendrier stratégique qui pourrait rebattre les cartes en Outre-Mer.
Free Caraïbe : un challenger en pleine ascension
Free Caraïbe, filiale d’Iliad, s’impose progressivement comme un acteur clé sur le marché mobile ultramarin. Son ambition ? Répliquer la stratégie qui a fait son succès en métropole : un mix d’agressivité tarifaire, de couverture en expansion et d’innovations technologiques.
Avec ces nouvelles fréquences, Free Caraïbe dispose des atouts nécessaires pour accélérer son déploiement 5G et muscler son réseau 4G. L’acquisition des blocs en 3,4 – 3,8 GHz, essentiels pour les services de très haut débit mobile, lui permet de rivaliser avec Orange et Digicel, déjà bien installés sur ce segment.
Un levier de croissance pour Free Caraïbe ?
La libération des bandes 700 MHz et 900 MHz dès cette année constitue une aubaine pour Free, qui mise sur ces fréquences basses pour densifier sa couverture et améliorer la qualité de service, notamment en intérieur et dans les zones moins denses. En combinant ces fréquences avec son portefeuille existant, Free Caraïbe peut espérer offrir une couverture mobile plus homogène et proposer des offres plus compétitives.
La véritable bataille se jouera cependant sur la 5G. Grâce aux blocs obtenus dans la bande 3,4 – 3,8 GHz, Free Caraïbe pourra déployer un réseau à la hauteur des attentes des utilisateurs ultramarins, avides de connectivité rapide et fiable. Mais reste à voir comment l’opérateur orchestrera son offensive face à Orange, qui bénéficie d’une infrastructure déjà bien en place.
Quels enjeux pour les consommateurs ?
Pour les utilisateurs martiniquais et guadeloupéens, cette redistribution du spectre est synonyme de progrès. Une meilleure couverture, des débits accrus et une intensification de la concurrence devraient permettre une amélioration globale de l’expérience client.
Si Free applique sa recette habituelle, on peut s’attendre à une pression accrue sur les prix, forçant les autres opérateurs à réajuster leurs offres.
La question du calendrier de déploiement demeure néanmoins cruciale. Free Caraïbe devra faire vite pour transformer ces nouvelles fréquences en valeur ajoutée concrète, en déployant rapidement son réseau et en séduisant de nouveaux abonnés.
Avec cette attribution, l’opérateur dispose d’une véritable rampe de lancement pour renforcer sa position en Outre-Mer. Reste à savoir s’il parviendra à rééditer son succès métropolitain sur ces marchés ultra-concurrentiels.