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FTTH : Comment ca va se passer dans vos immeubles

Alexandre Archambault, (Affaires réglementaires chez Iliad/Free) – très actif la nuit dernière sur Usenet – donne de nombreuses précisions sur les procédures qui vont être mises en place lors du déploiement de la fibre optique dans nos immeubles et dans nos appartements.

Il revient également sur les relations entre les différents opérateurs qui pourraient vouloir tirer chacun de la fibre dns un même immeuble…


 

Newsgroups : proxad.free.ftth
Subject : Re : Passage au FTTH avec Fbx v4
From : aarchambault@corp.free.fr (Alexandre Archambault)
Date : Wed, 7 Mar 2007 00:34:12 +0100
Message-ID : <1huia2x.1h3n48n4l5mniN%aarchambault@corp.free.fr>

Selon Damien Laval dans l'article
<45ea9bba$0$1390$426a74cc@news.free.fr> :

> Il y a des débats bien plus intéressants comme :
>
> "Free va-t-il partager son câblage vertical avec France Telecom ?"


Oui. Et pas que le vertical, mais également l'horizontal, et pas qu'avec
France Télécom.

La mutualisation du vertical seulement est un leurre, car c'est
essentiel mais pas suffisant. Essentiel certes, mais en même temps pas
absolument indispensable dans la mesure où hormis quelques cas
particuliers, il est tout à fait possible de faire passer (contraiement
à ce qu'on peut lire ici ou là, n'allez pas croire qu'un câble 48 paires
est 48 fois plus gros qu'un cable d'une paire) plusieurs câbles de
plusieurs opérateurs dans une même colonne montante.

L'objectif n'est pas tant de limiter le nombre d'opérateurs dans un
immeuble, mais faire en sorte que pour une techno donnée il n'y ait pas
chez l'abonné final autant de prises qu'il y aura d'opérateurs, et sur
ce point il y a consensus. Par contre, ça diverge sur la façon
d'atteindre cet objectif légitime.

Ce qui compte avant tout, c'est la mutualisation de l'accès à l'abonné,
et autant faire en sorte que cela soit le plus efficace, d'où la
priorité donnée au dégroupage au niveau du NRO (par exemple, plutôt que
d'aller poper individuellement plusieurs dizaines de miliers
d'immeubles, on propose de venir se raccorder sur les quelques dizaines
de NRO correspondants), sans pour autant exclure complètement le pied
d'immeuble.

Car contrairement à une croyance répandue, c'est pas tant rentrer et
câbler immeuble qui est le plus difficile, c'est comment l'atteindre. En
se focalisant sur la mutualisation du vertical, on risque de passer à
côté de l'essentiel, à savoir s'assurer d'une diversité de choix la plus
large possible pour le consommateur.

Car à quoi peut servir une mutualisation du vertical si au niveau de
l'horizontal les perspectives d'accès sont très limitées et que le
premier arrivé ne souhaite pas ouvrir son réseau en amont ?

C'est un peu comme si le dégroupage avait eu lieu uniquement au niveau
des immeubles, ou de la sous-boucle : dans ses conditions, il n'aurait
pas rencontré le succès que l'on connait et qui a été le principal
stimulant de l'intensité concurrentielle et de l'innovation. Bref, pas
vraiment le meilleur moyen de s'assurer d'une diffusion massive et
rapide.

Par ailleurs, le pied d'immeuble pose pas mal de questions quand on vit
ailleurs que dans le monde des Bisounours :

-> où sera-t-il situé : sur la voie publique (avec donc
redevances de voirie - à la charge de qui ? - et risques de
dégradations, qui gérera le référentiel réseau ?) ou dans l'immeuble (et
comment y accéder, comment gérer les accréditations, que faire si
l'accès est payant, qui gérera le référentiel réseau, à quel coût ?)

-> qui gérera le référentiel réseau commun : cela suppose donc
de monter un SI dédié pour éviter des erreurs de raccordements. A quel
coût donc, surtout si c'est un tiers qui s'y colle car cela peut très
vite exploser les coûts.

-> quel sera le coût : car si on y prend pas garde (par exemple
en laissant le monde de l'immobilier gérer cela), les coûts vont vite
dériver, si tant est qu'au final l'accès en pied d'immeuble n'aura guère
d'intérêt, si ce n'est contribuer à la constitution de nouvelles
barrières à l'entrée.

Car quand on regarde l'évolution du réseau cuivre, ce n'est pas pour
rien que l'opérateur historique a tout fait pour que les points
d'intervention sur le réseau ne soient plus en parties privatives pour
privilégier en zones denses la distribution directe et ailleurs les
sous-répartiteurs sur voie publique. Car au bout de quelques années, la
gestion des raccordements dans les immeubles était devenu un cauchemar :
techniciens qui ne parvenaient plus à rentrer (parce que les clés ou le
gardien avaient changés, que le technicien n'était plus dans la liste
des personnes accréditités), référentiel qui n'était plus maintenu,
vandalisme et autres branchements sauvages...

Et on voit difficilement pourquoi il en serait autrement avec l'optique.

> "L'offre de dégroupage fibre de free va-t-elle voir arriver de tous 
> nouveaux opérateurs qui ne s'appuieront que sur cette offre ?"


C'est possible, modulo les dispos car comme on est plus dans un contexte
de monopole d'exploitation par la puissance publique, qui pouvait
réquisitionner des immeubles entiers pour en faire de véritables
cathédrales urbaines, le nombre d'opérateurs pouvant accéder aux NRO ne
sera pas illimité.

Grosso modo, cela s'inspirera dans les grandes lignes de la localisation
distante, ie c'est le demandeur qui fait son affaire du raccordement au
NRO.

> "Free est-il destiné à devenir un opérateur fibre historique ?"


Dans la mesure où il existe au moins 3 opérateurs majeurs sur la ligne
de départ, il est vraiment prématuré de parler d'opérateur fibre
historique à ce stade.

> "Certains opérateurs vont-il se coordonner pour fibrer des zones 
> différentes afin d'étendre la pénétration globale de la fibre ?"


Euh, on vous charge d'expliquer cela au Conseil de la Concurrence, qui
voit d'un très mauvais oeil toute "entente" entre acteurs d'un même
marché et qui porte une attention toute particulière à ce qui peut se
passer (coucou la Place d'Alleray) dans le secteur des communications
électroniques ?

> ""Free va-t-il réellement pouvoir tenir son offre à 30euros sans autres
> frais ? Pourront-ils tenir la charge des abonnements ?"


C'est marrant, on a déjà entendu cela il y a quelques années  :-)

Free n'ayant pas pour habitude que de faire des plans d'affaires qui ne
tiennent pas la route, les 30 euros seront tenus pour l'offre standard
pour celles et ceux qui opteront pour la migration à l'occasion du
fibrage de l'immeuble. Pour les autres qui se décideraient par la suite,
il a été également dit que des frais de raccordement seront à prévoir,
fonction de ce qui sera rencontré au niveau local.

Et concernant le niveau général, rappelons que si les prétentions des
gestionnaires d'immeubles (pour le vertical) / collectivités (pour
l'horizontal) se montrent déraisonnables, cela pourra très bien se
répercuter sur la facture (par ex. x euros au titre droits de passage de
la ville Y, y euros au titre des redevances réclamées par votre
gestionnaire d'immeuble) : ambiance assurée dans les AG  :-)

> "Orange auraient-ils intérêt à utiliser l'offre de dégroupage de free en
> les aidant pour le câblage horizontal et/ou vertical ?"


De nombreux experts s'accordent à penser qu'une mutualisation des
déploiements a un sens. Prenez par exemple Neuf et Free : on a beau
s'étriper sur le marché de détail, cela n'empêche pas de mutualiser les
efforts sur les déploiements et infrastructures dès lors que cela permet
à l'un comme à l'autre de pouvoir répliquer ses propres offres de façon
totalement indépendante, ce qui in fine ne peut que bénéficier au
consommateur.

C'est le sens de l'offre de dégroupage fibre de Free : un accès à un
support passif (on a dit support et passif, donc pas de lambdas et
autres équipements actifs) qui permettra à un accédant de disposer d'une
continuité optique vers un abonné ou un immeuble, lui laissant le choix
de sa techno de raccordement (P2P ou PON). Le tout à un tarif permettant
de répliquer l'offre.

Mais bon, France Telecom / Orange est un peu sujette au syndrôme NIH
(Not Invented Here - Ca ne sort pas de chez nous), et en plus, si ça
vient de chez Free, c'est qu'il y a forcément une baleine sous le
gravier. Mais on désespère pas de les voir percuter un jour en admettant
qu'ils n'ont plus le monopole des bonnes intentions pour l'équipement de
la France en infrastructures de communications modernes et performantes.

Et comme en ce moment ils sont plutôt d'humeur boudue à la suite des
étrennes qu'on leur a destiné (on leur avait pourtant expliqué les yeux
dans les yeux en 2000 que réparation serait demandée le moment venu face
à de telles pratiques anti-concurrentielles), la balle est plus que
jamais dans leur camp.

Et pour le reste, oui, le déploiement (et tout ce qui va avec...) suit
son cours, et non, ne comptez pas sur nous pour laisser filer dans la
nature des indications précieuses dans la mesure où ce groupe n'est pas
que suivi par les geeks et donc un peu lurké en d'autres lieux  :-)

Alec,

 

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