Depuis le choix d’une architecture multifibre jusque dans les immeubles en zones très denses, décrété par l’Arcep fin 2009, on croyait l’affaire entendue. C’était trop beau pour être vrai : Martin Bouygues (Bouygues Telecom), subitement inquiet, a décidé de contester cet aspect du déploiement.
Même Orange avait fini par se plier aux règles définies par le régulateur, bon gré, mal gré. Martin Bouygues, de son côté, ne l’entend pas de cette oreille ; le remuant patron a demandé à rencontrer Jean-Ludovic Silicani, président de l’Arcep, la semaine dernière, pour se plaindre du choix d’une architecture multifibre au sein des immeubles en zones très denses.
« Développer quatre fibres dans les immeubles alors qu’on ne sait même pas en saturer une seule est inutile et coûtera 5 milliards d’euros. C’est comme si on demandait aux opérateurs d’électricité de créer des réseaux parallèles ! », a notamment déclaré Bouygues à la presse.
Lors de son entretien avec l’Autorité de régulation, il a fait part de ses inquiétudes vis-à-vis de ce qu’il considère comme un risque de « distorsion de concurrence ». Le “petit” opérateur sur le marché de l’Internet craint en effet de ne pas pouvoir rentabiliser facilement ses investissements dans un réseau de fibre optique. Il lui faudra très probablement louer de la fibre à un autre opérateur, mais à quel prix ? « Il n’y a pas de règle de partage pour l’infrastructure horizontale », dénonçait déjà le PDG, il y a un mois. Rappelons que l’Arcep discute toujours actuellement des tarifs de gros avec les trois principaux intéressés : Orange, Iliad et SFR.
Finalement, estimant ne pas être en mesure de lutter à armes égales avec les réseaux de ses trois concurrents, en l’absence de gain de cause du côté du régulateur, Martin Bouygues en appellera à l’Autorité de la concurrence. Comme un arrière-goût de déjà vu ?
Source : Les Echos