Très haut débit pour tous
Évoquée depuis des années, jamais autorisée, l’arrivée de la technologie VDSL en France fait figure d’arlésienne.
Des signaux récents montrent toutefois que son arrivée est très sérieusement envisagée par plusieurs acteurs majeurs du secteur, y compris Free, pour couvrir en très haut débit les zones rurales dans lesquelles le déploiement de la fibre optique (FTTH) demeure difficile à court terme…
Si les opérateurs ne remettent pas en question le déploiement du FTTH en zones urbaines, la question de la montée en débit dans les zones rurales, moins densément peuplées, les pousse de nouveau à se pencher sur un potentiel déploiement rapide du VDSL2 en France.
Pour rappel, cette technologie permet théoriquement de démultiplier les débits disponibles sur de simples lignes de cuivre (lignes téléphoniques), sur de courtes lignes — de quoi proposer des débits de l’ordre de 20 à 100 Mbps dans des délais raisonnables aux résidents ruraux, en attendant l’arrivée de la fibre optique jusqu’au domicile…
Au mois de mars, The Inquirer avait repéré une déclaration d’Yves Parfait (responsable du déploiement de la fibre chez France Télécom), laissant entendre que l’opérateur historique envisageait bel et bien la piste du VDSL comme une alternative sérieuse pour les zones les moins denses : « Orange souhaite couvrir 60% des foyers [français, ndlr] en FTTH, au-delà nous sommes ouverts à des solutions de montée en débit telles que le VDSL ».
En juin, l’ARCEP a adopté le principe de montée en débit en zones rurales évoqué par France Telecom, en approuvant la mise en place de NRA-MeD (NRA Montée en débit). Ces sous-répartiteurs, plus proches de l’abonné, réduiraient sensiblement la longueur de la boucle locale de cuivre et pourraient, dès lors, parfaitement être mis à contribution pour un déploiement du VDSL2.
Là encore, les indices fleurissent : Pierre Louette, secrétaire général de France Telecom, lance en juin sur Twitter que les « travaux avancent bien a l’ARCEP » concernant le VDSL2. Tout en précisant qu’il ne peut en dire plus pour le moment…
Il y a quelques jours, l’ARCEP a rendu publiques les contributions des acteurs du marché sur cette question de la montée en débit. Là encore, l’utilisation possible du VDSL ressort comme une possibilité tout à fait crédible chez France Telecom… mais pas seulement.
Free pourrait bien être intéressé par un tel projet. Dans sa contribution, le groupe Iliad insiste en effet sur l’importance d’une montée en débit rapide, mettant en avant la demande croissante d’usages gourmands en débit chez les abonnés, citant la « dimension multimédia », « l’émergence des téléviseurs connectés » ou encore le stockage prochain des données à distance (« cloud computing »).
Tout en indiquant vouloir poursuivre le dégroupage ainsi que le déploiement du FTTH (y compris en zones moins denses), Free pense que dans un horizon proche (« cinq à dix ans »), le « très haut débit en zone périurbaine et rurale » devra « être apporté sur le cuivre », excluant tout déploiement de solutions sans fil (Wimax, 4G…), satellite, etc. Free estime également que la boucle locale devra être « modernisée » pour cette montée en débit mais évoque surtout des offres qui devront « s’approcher de celles fournies sur la fibre ».
Sans la nommer, Free semble bien faire référence à la technologie VDSL2, capable d’atteindre des débits de l’ordre de 100 Mbps, soit relativement proches de ce qui se fait couramment sur les offres FTTH domestiques actuelles… d’autant que ses dernières Freebox sont déjà équipées de puces compatibles !
Le groupe Iliad souhaite « dégrouper à horizon cinq ans la totalité des répartiteurs métropolitains et la totalité des sous répartiteurs concernés par la montée en débit », indique enfin le document, confirmant l’intérêt de Free pour participer à la montée en débit.
Enfin, Free et France Telecom ne sont pas les seuls à évoquer, directement ou indirectement, l’arrivée prochaine et probable du VDSL2 en zones rurales. Dans sa propre contribution, Altitude Infrastructures vend la mèche, en évoquant de manière ouverte et presque affirmative le « recours à la technologie VDSL2 », une technologie « promue par l’Autorité » et à laquelle même l’équipementier Alcatel-Lucent (notamment constructeur de DSLAM…) semble s’intéresser !
La suite au prochain épisode ; mais voilà désormais un dossier à suivre de près…
Sources : ARCEP (contributions publiques juil.2011) (.zip), @louettepierre, The Inquirer, etc.