Où est-ce que je signe ?
L’ARCEP a délivré mardi les autorisations aux lauréats de la procédure d’attribution de fréquences dans la bande 2,6 GHz. Alors, quand allons-nous pouvoir profiter d’offres mobiles 4G ?
Faisons ensemble le point sur la situation.
Vraiment de la 4G ?
Il convient en premier lieu de corriger un abus de langage. Il est impossible aujourd’hui, où que ce soit dans le monde, de proposer une offre 4G, pour la bonne raison qu’aucune technologie disponible n’est encore certifiée 4G.
Les spécifications minimales pour qu’une technologie soit considérée comme 4G (4ème génération) sont définies par l’Union internationale des télécommunications (UIT, ou plus couramment ITU pour International Telecommunication Union). Et ces spécifications minimales feront rêver beaucoup d’abonnés ADSL… Il faut en effet pour cela proposer un débit descendant minimal de 100 Mb/s pour les communications en « mobilité élevée » (dans une voiture ou dans un train en mouvement) et de 1 Gb/s pour les communications en faible mobilité (piétons, sites fixes). Oui, la 4G permet d’envisager d’obtenir sur un téléphone portable un débit supérieur à celui proposé dans les offres fibre optique grand public d’aujourd’hui !
Pour l’heure, la norme LTE qui a été retenue pour les fréquences dites « 4G » permet d’obtenir avec un équipement terminal de catégorie 5 et en utilisant une largeur de bande de 20 MHz (telle que celle obtenue par Free et Orange) des débits descendants de 300 Mb/s et montants de 75 Mb/s. On parle parfois de « 3.99G ».
La 4G sera réellement disponible avec la norme Advanced LTE, dont la ratification finale est attendue courant 2012. Il faudra ensuite attendre la disponibilité des équipements (Clés USB, téléphones, tablettes,…) qui seront, à n’en pas douter, hors de prix les premiers mois.
Je pourrai réellement télécharger à 1Gb/s ?
Les débits théoriques sont bien évidemment à prendre avec des pincettes.
Comme pour toutes les technologies hertziennes, les débits diminuent lorsque la distance entre l’utilisateur et l’antenne augmente. Ces débits sont également partagés entre tous les utilisateurs d’une cellule 4G. On appelle ainsi la zone couverte par une antenne. Ces antennes sont généralement installées par 3 sur un mât afin d’offrir une couverture à 360° autour du dit mât.
La surface couverte par une antenne est fonction de sa puissance d’émission et de la fréquence employée. Dans la bande des 2,6 GHz, on peut espérer couvrir un rayon d’un kilomètre. La bande des 800 MHz (les fameuses « fréquences en or ») peut permettre de couvrir avec une seule antenne un rayon de 5km avec des performances maximales, 30 km avec des performances « raisonnables », voire même 100 km avec des performances « acceptables » ! Dans ces conditions, quelques dizaines de grosses antennes pourraient suffire à proposer la 4G sur tout le territoire métropolitain.
Mais qui dit plus grande superficie couverte dit également plus de clients simultanés sur une seule antenne, et donc un débit réduit d’autant. La bande des 800 MHz est donc parfaitement adaptée pour couvrir de vastes zones rurales, quand la bande des 2,6 GHz permet un maillage dense en zones urbaines.
Quand les opérateurs pourront-ils commencer ?
Ils peuvent le faire dès aujourd’hui !
Les autorisations délivrées précisent cependant que les fréquences ne sont pas encore disponibles pour certaines régions. Voici le calendrier complet :
Alsace : disponibles,
Champagne-Ardenne : disponibles,
Haute-Normandie : disponibles,
Île-de-France : disponibles,
Lorraine : disponibles,
Nord-Pas-de-Calais : disponibles,
Picardie : disponibles,
Provence-Alpes-Côte d’Azur : disponibles,
Rhône-Alpes : disponibles,
Midi-Pyrénées : 1er novembre 2011,
Languedoc-Roussillon : 1er janvier 2012,
Basse-Normandie : 1er mars 2012,
Pays de la Loire : 1er mai 2012,
Aquitaine : 1er septembre 2012,
Poitou-Charentes : 1er novembre 2012,
Franche-Comté : 1er janvier 2013,
Centre : 1er mai 2013,
Limousin : 1er juillet 2013,
Auvergne : 1er septembre 2013,
Bretagne : 1er novembre 2013,
Bourgogne : 1er janvier 2014,
Corse : 1er mars 2014.
Ces dates sont conditionnées par les dates de fin des précédentes autorisations d’utilisation de la bande des 2,6 GHz.
Les opérateurs ont par ailleurs pris des engagements de couverture. Ils devront couvrir 25% de la population avec leur réseau 4G en octobre 2015, 60% en octobre 2019 et 75% en octobre 2023.
Il faudra attendre 2014, alors ?
Tout dépend de la vitesse à laquelle les opérateurs déploieront leur réseau et de la politique commerciale qu’ils mettront en place. Les fréquences étant déjà disponibles sur les agglomérations Parisienne, Marseillaise et Lyonnaise, il y a fort à parier que les premières antennes seront mises en place dans ces zones.
Free Mobile a déjà annoncé que les antennes qu’elle déployait actuellement sont déjà compatibles 4G. Elle pourrait donc potentiellement proposer dès demain une offre « 3.99G ». Mais rien ne dit que les 3 autres opérateurs mobiles n’ont pas également anticipé l’installation et ne sont pas eux aussi dans les starting-blocks…
Et elles ressembleront à quoi, ces offres ?
Un opérateur pourrait parfaitement proposer des offres 4G uniquement, qui ne fonctionneraient que dans les zones de couverture existantes. Cette possibilité serait parfaitement raisonnable pour offrir un accès résidentiel en 4G dans les zones couvertes. Les débits proposés permettent en effet de proposer une alternative viable à un accès ADSL sur des lignes longues.
Mais les équipements 4G sont également compatibles 3G, à l’instar des équipements 3G qui basculent sur les réseaux EDGE et GSM lorsque la 3G n’est pas disponible. Les offres mobiles 4G permettront donc d’utiliser le meilleur réseau en fonction de l’endroit où se trouve le client.
On peut supposer que les opérateurs mobiles « historiques » (Orange, SFR et Bouygues) souhaiteront vendre plus cher leurs forfaits 4G, ou proposer une option 4G payante pour leurs forfaits 3G existants, ceci afin de rentabiliser le coût de la licence et des équipements.
Free, de son côté, a toujours eu pour politique dans l’ADSL de conserver un prix fixe tout en augmentant les débits au fil des évolutions techniques et des baisses de coûts liées à ces évolutions. Espérons que Free Mobile appliquera la même recette et proposera sans surcoût la 4G à ses abonnés dans les zones couvertes !