Le JDD a publié ce week-end un reportage effarant sur SFR, et sa situation depuis son rachat par le groupe Numericable. Le journal raconte « l’enfer de SFR » sous la bride de Patrick Drahi, cost-killer impitoyable…
Après avoir levé une quantité impressionnante de dette pour pouvoir reprendre SFR (il s’agit historiquement du plus grand rachat « à effet de levier », ou LBO, jamais réalisé en France), Patrick Drahi, patron du groupe Numericable, n’a qu’une idée en tête : faire baisser drastiquement les coûts de l’opérateur au carré rouge. L’objectif est clair : réaliser pas moins de 600 millions d’économies par an. Mais, même à ce rythme, avec 13 milliards d’euros de dette levée pour le rachat et un chiffre d’affaires en baisse chaque année, le pari semble perdu d’avance.
Cela se traduit par une chasse aux dépenses permanentes : les boutiques de l’enseigne, qui nécessitaient une rénovation estimée à 100 000 euros chacune, devront finalement se contenter de 30 000 euros, et les cadres habituellement dépêchés à Las Vegas pour couvrir le CES (Consumer Electronics Show) sont restés chez eux cette année.
Plus grave, les contrats avec les prestataires sont renégociés au forcing, Drahi exigeant des baisses de prix d’environ 30%, ce qui se traduit par des factures impayées et des contentieux à la clé, comme l’explique un cadre de l’entreprise. Par exemple, Teleperformance, prestataire de centres d’appels externalisés, réclame 40 millions d’impayés à SFR ; un plus petit acteur dans le même secteur explique que « Drahi nous demande –35% donc on va arrêter de bosser avec lui ».
55 des 70 plus gros salaires (supérieurs à 150 000 euros) ont été remerciés. Signe d’une « ambiance pourrie », même au plus bas de l’échelle, on estime les départs nombreux : une centaine de cadres et un grand nombre de salariés ont quitté l’entreprise. « Ces trois derniers mois, le service informatique a reçu 250 ordinateurs rendus », explique un responsable, qui tente d’estimer l’ampleur de l’hémorragie…
Source : le JDD