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Quand FT compare la concurrence à une invasion nazie

Lauréat du concours Godwin 2010

Les conditions de travail au sein de France Telecom, mises en lumière lors d’une série de suicides il y a un peu plus d’un an, font le sujet d’un article explosif dans Les Inrockuptibles. Retour sur la période 2004-2006, lors de l’arrivée de Didier Lombard à la tête du groupe…

« Humiliation, dépression, démission : l’offre triple play de France Télécom », titre amèrement le journal. Le témoignage est celui d’un ancien directeur régional du groupe. Le portrait fait de l’entreprise à l’époque y est peu flatteur : France Telecom, faisant face à d’importantes difficultés financières, aurait mis en place un plan visant à faire partie 22 000 salariés, sans avoir à les licencier.

Le « plan Next », comme il est appelé alors, est diffusé auprès des principaux dirigeants. Tout est alors bon pour pousser à la démission : culpabiliser, intimider ou décourager les salariés serait alors devenu une pratique courante. La direction aurait, notamment, conseillé à ses dirigeants de région de « fixer des objectifs inatteignables » aux employés…

Dans ce contexte, des stages de management sont organisés chez Obifive, société de coaching disposant de locaux parisiens. De manière implicite mais toutefois très claire, les concurrents — tous secteurs d’activité confondus : opérateurs fixes, mobiles, Internet, industriels… — sont comparés, fiches à l’appui, au camp nazi lors de la bataille d’Angleterre en 1940 et 1941, tandis que France Telecom y est symboliquement représenté par les britanniques.


Contactée à ce sujet, l’agence Obifive estime qu’il ne faut rien y voir d’autre qu’une volonté de « faire ressortir la solidarité qui existait entre les pilotes et les mécaniciens de la Royal Air-Force ». Une vision que ne partagent pas des salariés ayant assisté au stage : « les formateurs expliquaient que nous étions en guerre. D’abord, on nous montrait l’Angleterre prise en tenailles par les nazis. Ensuite, on nous montrait Orange prise en tenailles par Free, par Bouygues et par Nokia »

D’anciens employés vont jusqu’à admettre l’existence d’une « courbe du deuil », confiée aux managers, leur permettant de suivre l’évolution du moral du salarié, passant par une phase de dépression (la « décompression ») jusqu’à « l’acceptation du changement », et donc la démission.

Un manager de l’époque, appliquant les méthodes inculquées par sa direction, explique alors à ses salariés qu’il faut « comprendre que l’entreprise est en guerre et que dans toute guerre, il y a des morts », afin d’encourager les départs volontaires. On connaît la suite…

 Retrouvez l’article original sur le site des Inrocks

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