C’était une des conditions préalables au rachat de SFR par le groupe Altice : Numericable doit ouvrir son réseau câble à ses concurrents. Mais cela ne se fait pas sans heurts…
Le câblo-opérateur est tenu de proposer des conditions d’accès raisonnables à son réseau câble « excluant tout effet de ciseau tarifaire », selon l’Autorité de la concurrence. Deux offres sont au programme : l’une, en « marque blanche », se destine principalement aux MVNO ne disposant pas de leur propre box. L’autre, dite « bitstream », doit permettre aux opérateurs d’utiliser leurs propres équipements sur le réseau câble de Numericable.
Mais voilà : publiées en début de semaine, les offres de référence publiées par Numericable à l’attention des autres opérateurs ne font pas l’unanimité, loin de là. Avec un coût d’accès au réseau de 5 millions d’euros à l’entrée, auxquels il faut ajouter 250 000 euros de « frais de maintenance et d’exploitation des plates-formes de service » et 50 000 euros de frais d’étude par an, puis une redevance mensuelle de l’ordre de 12 à 17 euros par accès et divers coûts supplémentaires… selon Les Échos, de tels tarifs excluent de fait la plupart des MVNO. « Pour l’instant, les conditions proposées ne nous permettent pas de construire des offres 4P suffisamment attractives » affirme Jérôme Birba, DG de CIC Mobile.
Même les grands acteurs, déjà peu tentés par la possibilité de commercialiser une offre câble, devraient rechigner à débourser de telles sommes. Bouygues Telecom, qui commercialise déjà certaines de ses offres Bbox Fibre sur le réseau de Numericable, juge que l’offre « bitstream » est tout simplement moins intéressante, en termes de tarifs et de services, que l’accord dont ils bénéficient déjà avec le câblo-opérateur ! Si tel est le cas, on pourrait se demander si les conditions d’accès fixées par Numericable tiennent bien ses engagements concurrentiels.
De son côté, le principal intéressé dément toute volonté de fixer des tarifs plus élevés que nécessaire : « les conditions proposées sont globalement similaires aux contrats existants avec nos clients », affirme SFR-Numericable.
Les différents acteurs ont jusqu’au 9 mars 2015 pour faire part de leurs observations à l’Autorité de la concurrence, qui pourra ensuite fixer de nouvelles conditions à Numericable, si elle estime que ses impératifs initiaux n’ont pas été respectés.
Source : Les Échos