La chaîne SFR Sport, qui bénéficie des droits de diffusion sur certains événements sportifs prisés, est largement critiquée du fait de son exclusivité au bouquet SFR.
En France, pour pouvoir voir les retransmissions de la Premier League anglaise ou encore de la Liga portugaise la saison prochaine, il faudra impérativement être abonné à SFR Sport. Cela signifie qu’il faudra également détenir un abonnement chez SFR. Un méli-mélo concurrentiel qui ne manque pas d’agacer certains spectateurs. Peut-on, dès lors, parler d’un cas flagrant de « vente liée » ?
La situation n’est pas si évidente. SFR Sport n’est proposée que chez SFR, mais l’opérateur clame à qui veut l’entendre que sa chaîne est disponible pour les autres distributeurs qui le souhaitent. Il s’agit donc d’une exclusivité de fait, mais nullement d’une exclusivité de distribution.
Comme un air de déjà-vu
La chaîne se trouve en réalité confrontée aux mêmes difficultés que les canaux Orange Sport ou Orange Cinéma Séries, il y a quelques années de cela. Orange Sport, qui détenait les droits exclusifs sur certains matches de la Ligue 1 française, aura mobilisé une plainte groupée de SFR, Free et Canal+ (où Orange obtiendra gain de cause en appel), puis les efforts de l’Autorité de la concurrence. Cette dernière s’était mollement opposée à une telle exclusivité, qu’elle préconisait de limiter à un ou deux ans. La chaîne cessera finalement d’émettre en 2012, coupant court à la polémique.
Dans le cas d’Orange Cinéma Séries, ce sont finalement les difficultés financières qui auront raison de l’exclusivité d’Orange. Après plusieurs tentatives de rachat ratées, Orange finira par proposer son bouquet de chaînes à tous les opérateurs dans le but de gagner plus d’abonnés. Dans le processus, les chaînes furent renommées « OCS », un acronyme qui ne fait plus directement mention de l’identité de l’opérateur. Les fournisseurs d’accès ne seraient en effet pas enthousiastes à l’idée de reprendre une chaîne portant le nom d’un concurrent direct…
Une chaîne « vraiment » ouverte ?
Et c’est tout le problème avec SFR Sport. La chaîne, proposée à tous en théorie, ne semble vraiment pas faire d’efforts pour être reprise ailleurs que chez SFR. D’autant que, selon Les Échos, les tarifs demandés aux repreneurs potentiels seraient jugés « trop élevés » par ces derniers.
L’Autorité de la concurrence ne semble pas y voir de souci majeur. « S’il y a des problèmes, nous les regarderons » s’est contenté d’affirmer son président, Bruno Lasserre. SFR dispose toutefois d’un atout évident par rapport à Orange : il n’est pas en situation dominante sur le marché des télécoms. Et « les exclusivités ne sont pas condamnables en soi, elles dépendent de la position que vous occupez sur le marché », rappelle Bruno Lasserre. Il semble donc que la monopolisation des droits sportifs ait de beaux jours devant elle.
via Les Échos