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L’astucieux montage financier de Patrick Drahi : XPFibre en fiducie pour garantir sa survie

Alors que le groupe Altice affronte des négociations tendues avec ses créanciers, Patrick Drahi continue de déployer ses talents en ingénierie financière. Sa dernière manœuvre concerne XPFibre, la filiale qui gère le réseau fibre optique de SFR. En toute discrétion, cette entité stratégique a été placée en fiducie auprès de la banque Natixis. Une opération complexe qui illustre les défis et les priorités du milliardaire face à l’énorme dette de son empire d’après une enquête complète menée par l’Informé.

Un réseau fibre stratégique, mais très endetté

XPFibre, qui détient et exploite le réseau fibre optique de SFR, était jusque-là contrôlée à 50,01 % par Altice France et à 49,99 % par trois grands fonds d’investissement (Omers, Allianz et Axa). Désormais, cette participation est confiée à Natixis dans le cadre d’une fiducie, un mécanisme financier où une entité indépendante gère les actifs pour le compte de leurs propriétaires.

La mise en place de cette fiducie fait suite à un refinancement de XPFibre en mars dernier. La filiale avait levé 5,775 milliards d’euros, permettant notamment de verser un dividende exceptionnel d’un milliard d’euros à Altice. Toutefois, cette opération a doublé l’endettement de XPFibre, qui repose désormais sur des perspectives de rentabilité élevées. Altice anticipe en effet un excédent brut d’exploitation (EBITDA) de 600 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 900 millions d’euros, soit une marge impressionnante de 66 %.

Pourquoi placer XPFibre en fiducie ?

Cette manœuvre s’inscrit dans un contexte de forte pression financière. Début mars, Patrick Drahi a demandé à ses créanciers de renoncer à un tiers des 24 milliards d’euros de dette d’Altice France, une proposition mal accueillie. Dans la foulée, plusieurs actifs stratégiques ont été retirés des garanties accordées aux prêteurs, notamment les data centers, les médias du groupe (BFM TV, RMC) et la participation dans XPFibre.

En transférant XPFibre dans une fiducie, Drahi a probablement voulu répondre à une exigence des prêteurs. « Ce montage garantit que cet actif essentiel ne disparaisse pas vers d’autres structures en cas de litige ou de restructuration, » explique un expert en gestion de dettes.

Un montage complexe et controversé

Selon les informations de L’Informé, Natixis détient désormais, en tant que fiduciaire, une holding intermédiaire nommée XPFibre Groupe, qui devient l’actionnaire principal de XPFibre. Cette opération valorise XPFibre à 4,5 milliards d’euros. À titre de comparaison, Altice avait tenté, sans succès, de vendre la société l’an dernier pour une valorisation de 7,5 milliards d’euros hors dette.

Malgré ces mouvements, les actionnaires actuels – Altice France et les fonds Omers, Allianz et Axa – conservent leurs droits économiques et de gouvernance, selon les précisions d’Omers et d’Axa. Cependant, les structures juridiques complexes et les transferts successifs alimentent la confusion autour de la localisation et du contrôle exact des actifs.

Une stratégie risquée, mais indispensable ?

Patrick Drahi est connu pour son appétit pour les montages financiers sophistiqués, mais cette opération reflète aussi l’urgence de la situation. En confiant XPFibre à Natixis, Altice cherche à rassurer ses créanciers tout en conservant la rentabilité d’un actif stratégique.

Reste à savoir si cette stratégie suffira à stabiliser le groupe, alors que la pression sur ses finances reste immense. Pour l’instant, le milliardaire mise sur la rentabilité croissante de XPFibre pour maintenir son empire à flot. Mais ce jeu d’équilibriste pourrait bien avoir des conséquences à long terme, tant pour Altice que pour ses partenaires et investisseurs.

Un avenir encore flou

Malgré les assurances des actionnaires, la situation reste sous tension. Altice n’a pas encore répondu aux sollicitations, et plusieurs questions restent en suspens. Avec une dette colossale et des relations tendues avec ses créanciers, Patrick Drahi joue une partie délicate, où chaque mouvement compte.

Source L’Informé

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