Censée apporter le haut débit aux habitants des Côtes-d’Armor, la DSP Armor Connectic se solde par un échec coûteux pour la collectivité.
Le principe des Délégations de Service Public (DSP), part d’un bon sentiment : il s’agit de faciliter le déploiement de technologies haut ou très haut débit dans des zones souvent trop isolées pour que les opérateurs y viennent de leur propre chef. La collectivité (conseil général ou départemental, le plus souvent), lève donc des fonds publics et confie le déploiement du réseau à un opérateur de réseau, sélectionné sur appel d’offres. À charge pour l’opérateur retenu de respecter les modalités de déploiement prévues dans le contrat.
En Bretagne, ce scénario ne s’est pas passé exactement comme prévu. Pour déployer le haut débit dans les Côtes-d’Armor, en 2008, le conseil départemental a opéré un choix douteux : au lieu d’y déployer la fibre optique, il a parié sur la technologie sans fil WiMAX.
Un choix vite obsolète face à la fibre optique et la 4G
Fruit d’une association entre Eiffage et SFR, Armor Connectic n’a évidemment pas rencontré le succès escompté. En 2012, il n’avait engrangé que 6,1 millions d’euros de rentrées, très loin de 18 millions d’euros estimés. Les pertes se sont ainsi accumulées jusqu’à près de 9 millions d’euros en 2015, pour le réseau Armor Connectic. Ce dernier s’est retourné contre le département, menaçant de dénoncer le contrat.
Finalement, la concession a été interrompue à mi-parcours (sur une durée initialement fixée à 20 ans), dans le soulagement quasi-général. La facture est salée pour la collectivité, qui devra indemniser l’opérateur Armor Connectic à hauteur de 11 millions d’euros… une somme compensée en partie par la vente du réseau existant pour 4 millions d’euros. SFR, le repreneur, assurera la continuité de service pour les abonnés existants.
Pour la collectivité, le coût restant à assumer s’élève donc à 7 millions d’euros — dont 2 pris en charge par la région Bretagne et 5 par le département. Le président du conseil départemental Alain Cadec (LR) tient toutefois à relativiser ce qui s’apparente à un immense gâchis financier : « Armor Connectic nous proposait une rupture à l’amiable pour un montant de 21 millions d’euros », clame-t-il.
via AFP