Activé par défaut sur la plupart des accès à Internet, le système de paiement Internet+ continue de faire l’objet d’escroqueries par les éditeurs, chaque année. Avec à la clé des factures parfois salées pour les victimes.
Redouté des spécialistes mais peu connu du grand public, Internet+ permet de payer les éditeurs de service sur Internet en toute simplicité, d’un simple clic, sans même avoir besoin de s’identifier. Le montant est automatiquement reporté sur la prochaine facture de l’opérateur. Plus grave : chez la plupart des fournisseurs d’accès, le service est activé par défaut.
Et c’est bien cette facilité d’utilisation à outrance qui est mise à profit par les escrocs du net. Planquer un bouton de paiement derrière une bannière, utiliser des formulations volontairement trompeuses, cacher le tarif dans un recoin d’une page web… en l’absence de réelle régulation en amont, tout devient possible. Le client se retrouve alors prélevé à son insu. Si le montant par transaction est limité à 30 euros maximum, certains services créent des souscriptions récurrentes. Il s’agit généralement de petites sommes, prélevées chaque mois ou chaque semaine durant de longues périodes, afin de ne pas attirer l’attention de la victime. Certaines fraudes peuvent atteindre plusieurs centaines d’euros, selon Les Échos qui consacrent un dossier complet au sujet.
Des abus impossibles à contrôler en amont
L’AFMM (Association française du multimédia mobile), qui édite ce service, reconnait qu’il existe des abus. « Notre mission, c’est de limiter le plus possible les arnaques », explique Christian Bombrun, son président.
Plutôt que d’opter pour une solution technique sécurisée qui empêcherait de fait ces arnaques, l’AFMM préfère se reposer sur une « charte déontologique » que les éditeurs sont appelés à respecter. L’association assure qu’elle opère une surveillance des services pour repérer les abus, et dresser une liste noire des mauvais élèves. Mais cela ne va pas plus loin : à charge pour chaque opérateur de prononcer des sanctions contre les éditeurs.
Pour Christian Bombrun, la situation est satisfaisante : les plaintes de clients ont diminué de 30% en un an chez Orange, par exemple. Il observe d’ailleurs une « vraie prise de conscience du problème chez les opérateurs depuis 2015 ». NDLR : le service Internet+ existe tout de même depuis 2005…
Free, seul opérateur à protéger ses abonnés par défaut
Orange, SFR et Bouygues Telecom ont choisi le principe controversé du opt-out. Internet+ est donc activé par défaut pour leurs abonnés. Il est possible de s’en désinscrire, via un tour dans les consoles de gestion des opérateurs, mais encore faut-il être conscient de son existence…
Pour les clients concernés, désactiver immédiatement Internet+ est fortement recommandé. En effet, en cas de fraude, le remboursement est loin d’être systématique. Bien souvent, l’opérateur invite à se tourner vers l’éditeur du service, voire à porter plainte pour obtenir gain de cause.
Free a opté pour la méthode inverse : Internet+ est désactivé par défaut. Il faut se rendre dans son espace abonné pour en consulter les conditions et l’activer, si toutefois on le souhaite. Il faut dire que l’AFMM a été fondée par Orange, SFR et Bouygues Telecom. On comprend dès lors que Free, qui n’a pas souhaité en faire partie, fasse preuve de plus de prudence.
Source : Les Échos