Bouygues Telecom a récemment annoncé des mesures strictes en matière de gestion des ressources humaines. L’opérateur, qui fait face à des défis économiques accrus, a pris la décision de geler les embauches et de ne pas remplacer les départs de salariés, à quelques exceptions près. Cette restructuration inclut également la suppression de missions de prestataires, une décision qui concerne directement 1 500 travailleurs externes.
Le climat économique actuel pèse lourdement sur Bouygues Telecom, qui subit la pression d’un marché des télécoms marqué par une guerre des prix persistante. Lors d’un comité social et économique (CSE), l’opérateur a expliqué vouloir serrer la vis afin de rationaliser ses dépenses, notamment en matière de personnel. La direction a dévoilé un plan à horizon 2030 visant à faire des économies, ce qui a provoqué l’inquiétude des syndicats.
La CFDT, l’un des principaux syndicats représentatifs, a dénoncé une “stratégie scandaleuse et inquiétante” de la part de Bouygues Telecom. Le syndicat estime que la direction cherche à réduire ses effectifs en France, au profit d’emplois dans des filiales à l’étranger, notamment au Portugal et au Maroc, où la main-d’œuvre est moins coûteuse. D’après les représentants syndicaux, cette orientation vise à transférer certaines compétences vers ces pays, tandis que la main-d’œuvre française se verrait progressivement réduite.
Pas de licenciement volontaire, mais une réduction progressive
Malgré ces accusations, la direction de Bouygues Telecom a tenu à rassurer ses employés en démentant toute intention de procéder à des licenciements volontaires. L’entreprise, qui emploie actuellement plus de 6 000 salariés (hors personnel des boutiques), insiste sur le fait que le gel des embauches et le non-remplacement des départs concernent uniquement des postes qui ne sont pas jugés critiques pour ses activités.
Les prestataires externes sont cependant les plus touchés par ces mesures. Bouygues Telecom a annoncé qu’elle ne ferait plus appel à 1 500 prestataires réguliers, souvent mobilisés pour des missions temporaires. Cette suppression devrait être effective dans les prochains mois.
L’automatisation et l’intelligence artificielle en renfort
Pour compenser cette réduction des effectifs, Bouygues Telecom mise sur l’automatisation de certains processus internes et sur l’introduction de technologies liées à l’intelligence artificielle. Cette stratégie vise à maintenir un haut niveau d’efficacité opérationnelle tout en limitant la croissance de sa masse salariale.
Dans ce cadre, l’opérateur s’est engagé à former ses équipes, notamment celles de ses filiales étrangères, afin de leur permettre de monter en compétences sur des tâches complexes. Cette approche pourrait aussi contribuer à un transfert progressif de certaines fonctions vers ces filiales, réduisant ainsi la dépendance à la main-d’œuvre française.
Un plan stratégique en préparation
Bouygues Telecom devrait préciser ses intentions dans les prochaines semaines, à l’occasion de la présentation de son plan stratégique. Ce dernier sera sans doute dévoilé avant la publication des résultats du troisième trimestre, prévue pour le 5 novembre 2024.
Lors des précédentes présentations trimestrielles, Bouygues Telecom avait déjà signalé un ralentissement dans son rythme de recrutement. Malgré cela, le chiffre d’affaires de l’opérateur était en léger recul sur le premier semestre 2024, ce qui explique en partie les mesures de restriction annoncées.
Alors que la concurrence dans le secteur des télécoms continue de se durcir, Bouygues Telecom se tourne vers l’optimisation de ses ressources et l’innovation technologique pour rester compétitif. Reste à voir comment ces décisions impacteront son positionnement sur le marché français et la perception de ses clients.