Si les observateurs s’accordent à dire que le marché du mobile français a connu un regain de concurrence en cette première moitié de 2011, beaucoup attribuent ce mérite à Free Mobile, dont l’arrivée prévue pour le début de l’année 2012 fait déjà trembler les gros opérateurs comme les MVNO. Bouygues Telecom ne semble pourtant pas de cet avis…
Refonte des gammes de forfaits et nouvelles offres, MVNO plus attractifs, premiers « full MVNO », invraisemblables campagnes de communication en forme de mea culpa de la part des opérateurs historiques : pas de doute, ce début d’année 2011 aura permis de bousculer la téléphonie mobile française… à défaut de la révolutionner.
À ce sujet, ZDnet.fr a interrogé les responsables de deux opérateurs historiques : Frédéric Ruciak, Directeur Général Adjoint Marché Grand Public de Bouygues Telecom et Patrick Asdaghi, Directeur Marketing Grand Public de SFR.
Pour Frédéric Ruciak (Bouygues), « le rythme s’accélère. Cela est du en partie à la baisse de la terminaison d’appel mobile qui permettent aux petits acteurs comme les MVNO d’être plus dynamiques. Il s’agit, pour le marché, également d’anticiper l’arrivée du 4e acteur », concèdera-t-il.
Selon lui, toutefois, l’influence de Free Mobile est grandement exagérée. « La concurrence s’intensifie déjà depuis deux ans », clame-t-il, insistant ; « nous n’avons pas attendu Free pour répondre à l’attente de nos clients. Nous y répondons en regardant la concurrence actuelle, pas future. Et il faut savoir que nous animons le marché avec des offres agressives et innovantes depuis 1996, notamment avec ideo et des forfaits sans mobile ».
Et concernant l’arrivée d’un nouveau forfait, B & You, qui semble ouvertement destiné à un public de jeunes technophiles (digital natives) habituellement plutôt séduit par Free ? « On ne mime pas, on n’imagine pas ce qu’ils feront. Nous sommes dans l’innovation permanente, on se bouge pour nos clients même si en effet, il y a une proximité entre B&You et Free Mobile en termes de cible. Mais c’est le marché qui est comme ça ».
Côté SFR, Patrick Asdaghi tient un discours plus sobre, bien qu’étrangement similaire : « comme la plupart des acteurs, nous nous sommes d’abord battus sur le tarif. Mais désormais, la focalisation se fait sur le client. Tout simplement parce que la maturité du marché pousse à travailler sur le parc des clients. On passe d’une stratégie de conquête à une stratégie de fidélisation. C’est une tendance lourde qui n’est pas la conséquence d’un nouveau venu sur le marché ».
On pourra tout de même se demander si les deux opérateurs ne commencent pas déjà à regretter d’avoir laissé filer une potentielle source de revenus en laissant Orange conclure un accord d’itinérance 2G et 3G avec Free Mobile, pour un montant qu’on imagine juteux.
Et on repensera immanquablement à cette petite phrase, négligemment lâchée par Xavier Niel à propos des offres de ses concurrents sur le mobile : « ça sent un peu la panique, non ? ».