Après un an de négociations tendues, Altice France, maison mère de SFR, serait sur le point de réduire sa dette colossale de 8,6 milliards d’euros, selon plusieurs sources concordantes. L’accord en discussion avec les créanciers permettrait ainsi de ramener l’endettement du groupe de 23,7 milliards d’euros à 15,5 milliards, tout en repoussant les échéances de paiement entre 2028 et 2033.
Un an de tensions entre Altice et ses créanciers
Lourdement endetté, Altice France cherchait depuis début 2024 à restructurer sa dette pour éviter une crise financière majeure. Patrick Drahi, fondateur du groupe, a dû mener un bras de fer avec les créanciers pour conserver le contrôle de son empire télécoms.
Selon Reuters, l’accord en négociation inclurait des ajustements dans la gouvernance, sans pour autant remettre en cause la position de Patrick Drahi. L’objectif affiché par le groupe était de réduire sa dette à un niveau inférieur à quatre fois son excédent brut d’exploitation, contre un ratio de 6,4 en 2024. Ce cap pourrait être atteint grâce à cet allègement financier.
Altice France avait déjà tenté plusieurs offres auprès de ses créanciers au cours de l’année dernière. En janvier 2025, une proposition incluant un versement de 2,6 milliards d’euros avait été mise sur la table, mais n’avait pas été acceptée dans sa forme initiale.
Un régime de rigueur pour Altice
Face à l’urgence de son désendettement, le groupe a engagé une stratégie de cessions d’actifs depuis plusieurs mois. En 2024, Altice a vendu plusieurs de ses filiales stratégiques et notamment :
- Ses activités médias, incluant BFM TV et RMC
- Teads, sa division spécialisée dans la publicité en ligne
- Des centres de données
- Ses parts dans La Poste Mobile
- Une participation dans l’opérateur britannique BT
Ces ventes ont permis d’alléger le poids de la dette, mais n’ont pas suffi à stabiliser la situation financière du groupe.
Parallèlement, SFR continue de perdre des abonnés, ce qui pèse sur les revenus de l’opérateur et complique la relance du groupe. De plus, Altice doit gérer les conséquences du scandale de corruption impliquant le dirigeant de sa filiale portugaise, un dossier qui a terni l’image du groupe et ajouté une pression supplémentaire sur ses finances.
Une restructuration qui laisse des interrogations
Si cet accord se concrétise, Altice bénéficierait d’un répit financier, lui permettant d’éviter une restructuration plus sévère ou une perte de contrôle pour Patrick Drahi. Cependant, le groupe reste confronté à quelques difficultés et pas des moindres.
Il s’agit en effet pour sa marque SFR, de rétablir sa croissance en reconquérant des abonnés et en améliorant la qualité du réseau, tout en maintenant sa rentabilité malgré la pression de la concurrence et la nécessité de nouveaux investissements.
En dernier ressort, il lui appartient de gérer son image et rassurer les investisseurs après une année marquée par des tensions financières et des scandales.
L’accord avec les créanciers marque une étape clé dans la restructuration d’Altice, mais la réussite de cette opération dépendra de sa capacité à stabiliser son activité et à renouer avec une dynamique de croissance.