Le groupe Altice, dirigé par Patrick Drahi, se trouve depuis de nombreux mois et encore aujourd’hui, confronté à une situation financière complexe, marquée par une dette colossale et des résultats en baisse. Dans un effort pour alléger cette dette, Altice a récemment entrepris plusieurs ventes stratégiques de ses actifs. Mais est-ce suffisant ?
La plus récente de ces transactions concerne la vente de la participation de 24,5% d’Altice UK dans British Telecom (BT) au géant indien Bharti Airtel, pour un montant de 3 milliards de livres (environ 3,5 milliards d’euros). La vente, annoncée le 12 août 2024, donne à Altice la possibilité de générer du cash dans un contexte de pression croissante de la part de ses créanciers. Bharti Airtel, en rachetant cette participation, devient un acteur clé au sein de BT, mais sans intention de prendre le contrôle total de l’entreprise.
Un cycle de cessions pour désenfler la dette
La transaction intéressant Altice UK s’inscrit dans une série de cessions d’actifs initiée par Altice pour réduire sa dette. Début août, le groupe a notamment vendu sa filiale Teads, spécialisée dans la publicité en ligne, à la société israélienne Outbrain pour un milliard de dollars. Plus tôt dans l’année, Altice France s’était séparée de sa branche médias, comprenant BFMTV et RMC, au profit de CMA CGM pour 1,55 milliard d’euros. En novembre, le groupe avait également vendu ses centres de données à la banque Morgan Stanley pour 530 millions d’euros.
Mais céder les actifs, même si cela permet de parer à une situation d’urgence, ne doit pas ôter de l’esprit que le Groupe est affecté d’autres problèmes endémiques majeurs.
En effet, outre ces ventes, Altice fait face à des résultats décevants, notamment pour SFR en France. Sur le premier trimestre de l’année, l’opérateur a perdu 487 000 abonnés mobiles et 77 000 clients dans l’Internet fixe. Cette fuite des abonnés, couplée à une baisse des ventes de 3,8% sur un an et une chute de l’Ebitda de 6,5%, aggrave la situation d’Altice France, qui supporte une dette de 24,6 milliards d’euros.
Dette, scandale et corruption …
Le groupe Altice, déjà confronté à ces importantes difficultés financières, se trouve parallèlement englué dans un scandale de corruption qui secoue ses fondations. Ce scandale, impliquant Armando Pereira, cofondateur du groupe et dirigeant de la filiale portugaise, ajoute une pression supplémentaire sur un conglomérat déjà en pleine tourmente. L’implication d’un dirigeant de si haut rang ne fait qu’intensifier les regards sceptiques des créanciers comme des régulateurs, exacerbant les inquiétudes quant à la gouvernance et à l’intégrité du groupe.
En réponse à ces défis accrus, Altice tente de stabiliser sa situation en procédant à des ventes d’actifs stratégiques. Parmi les plus récentes, les récentes cessions de sa participation dans British Telecom et la vente de sa filiale spécialisée dans la publicité en ligne, Teads, témoignent de l’urgence avec laquelle le groupe cherche à réduire son endettement.
Toutefois, ces ventes, bien que significatives, soulèvent des questions quant à leur efficacité à long terme. La dette du groupe reste extrêmement élevée, et la détérioration continue de ses performances opérationnelles laisse présager que ces mesures pourraient ne pas suffire à rétablir la stabilité.
Le groupe s trouve donc face à une contrainte non négligeable : envisager des actions encore plus drastiques pour éviter une dégradation supplémentaire de sa situation financière. Cela inclura probablement la vente d’actifs supplémentaires, une restructuration plus profonde de ses activités, voire des négociations difficiles avec ses créanciers pour rééchelonner sa dette.
Les pressions se multiplient, et les résultats continuent de chuter alors que la confiance des investisseurs s’érode, Altice se trouve à un carrefour critique. La manière dont le groupe naviguera dans cette période de turbulences déterminera non seulement sa survie, mais aussi son avenir sur la scène internationale des télécommunications et des médias.
Le scandale de corruption, s’il n’est pas résolu de manière transparente et rapide, pourrait également avoir des répercussions à long terme sur la réputation du groupe, rendant encore plus complexe sa tâche de reconquérir la confiance des marchés financiers et de ses partenaires. La route vers la stabilité semble donc semée d’embûches, nécessitant une gestion rigoureuse et des décisions stratégiques audacieuses pour assurer la pérennité d’Altice.