Patrick Drahi, fondateur et dirigeant du groupe Altice, se trouve confronté à une montagne de dettes et à la pression croissante de ses créanciers. Dans un nouveau rebondissement, l’homme d’affaires est prêt à envisager une ouverture du capital de la filiale française de son groupe, Altice France, afin de réduire cette dette. Cette démarche intervient alors que la situation financière du groupe est tendue et que les créanciers cherchent des garanties pour sécuriser leurs investissements.
Réduction de la dette : une ouverture de 15% du capital
La dette d’Altice France, qui s’élève à environ 24 milliards d’euros, pèse lourdement sur le groupe. Pour tenter de la réduire, Patrick Drahi serait prêt à céder jusqu’à 15% du capital de SFR, la branche télécom de son empire en France, selon le journal Les Echos. En échange, il demande à ce que l’équivalent de 15% de la dette soit effacé, un compromis qui permettrait d’alléger considérablement le poids financier qui pèse sur Altice.
L’idée est simple : en offrant aux créanciers l’opportunité de prendre une part minoritaire dans SFR, Drahi espère les convaincre d’abandonner une partie des dettes accumulées. Ce geste pourrait lui permettre de retrouver un peu de marge de manœuvre pour redresser ses finances. D’autant que les prévisions économiques, avec la possible baisse des taux d’intérêt et l’amélioration générale du marché, rendent cette offre particulièrement intéressante pour les créanciers.
Une proposition mesurée mais incertaine
Cette proposition de Patrick Drahi n’est pour l’instant qu’une manière de « prendre la température », rien n’étant encore formel. Toutefois, elle intervient dans un contexte tendu où les créanciers ont déjà exprimé des revendications plus drastiques. Le mois dernier, certains créanciers avaient même réclamé de prendre le contrôle total du groupe Altice, une option qui aurait écarté Drahi de la direction. Ce dernier, connu pour son caractère tenace, n’est évidemment pas disposé à se retirer de l’entreprise qu’il a fondée.
Cette ouverture partielle du capital pourrait être perçue comme un signe de souplesse de la part de Patrick Drahi, un geste destiné à rassurer les créanciers tout en préservant son contrôle sur l’entreprise. Cependant, la proposition ne semble pas encore convaincre pleinement les créanciers, qui pourraient voir dans une participation minoritaire une prise de risque sans réelle influence sur la gestion du groupe.
L’enquête pour corruption : un poids supplémentaire
À cela s’ajoute un contexte juridique défavorable. Altice fait l’objet d’une enquête pour corruption, ce qui ajoute une couche d’incertitude pour les investisseurs. La perspective d’entrer dans le capital d’une entreprise encore sous le coup d’une enquête pénale pourrait refroidir certains créanciers, même si l’effacement de la dette représente un atout financier non négligeable.
Ainsi, bien que la proposition de Drahi puisse marquer une étape vers une restructuration de la dette, elle reste dépendante de nombreux facteurs, dont l’issue de l’enquête en cours et l’évolution du marché financier.
Un jeu de patience entre Drahi et ses créanciers
Le bras de fer entre Patrick Drahi et ses créanciers se joue désormais sur la durée. Si les créanciers pourraient être tentés de prendre une part du capital de SFR, ils savent aussi que le temps joue en leur faveur. En effet, plusieurs échéances de remboursement sont prévues au début de l’année prochaine, et les créanciers pourraient choisir d’attendre pour obtenir de meilleures conditions.
Les accords de restructuration de la dette, actuellement prolongés jusqu’en 2026, laissent un peu de répit à Patrick Drahi. Mais ces délais ne font que reporter un affrontement inévitable entre le magnat des télécoms et ses créanciers, qui attendent de voir si l’ouverture du capital permettra effectivement d’alléger les dettes sans que Drahi perde son contrôle sur le groupe.
Equilibre délicat à trouver
L’ouverture du capital de SFR à hauteur de 15% pourrait permettre à Patrick Drahi de réduire la dette de son groupe et d’apaiser ses créanciers, tout en conservant la majorité du contrôle sur son entreprise. Toutefois, le succès de cette initiative dépendra de la capacité de Drahi à convaincre les créanciers que cet accord est dans leur intérêt. À cela s’ajoute l’incertitude liée à l’enquête pour corruption et les échéances financières à venir, rendant cette proposition incertaine, tant pour Altice que pour ses créanciers. Les prochains mois seront cruciaux pour savoir si cette ouverture partielle du capital sera suffisante pour rétablir l’équilibre financier du groupe.